Fais en nous ce que tu dis, fais jaillir en nous l’Esprit

Prédication du 5 juin 2022Pentecôte

De Patrick Schlüter

Textes : Romains 8, 22-27 / Actes 2, 1-13

Pentecôte, c’est le souffle de vie de Dieu qui vient dans le monde.

Pentecôte, c’est la naissance de l’Église et le début de l’annonce de la bonne nouvelle au monde.

Et aujourd’hui, qu’est-ce que nous attendons de cette Pentecôte ?

Le contexte dans lequel nous vivons n’est pas facile. Nous sortons d’une pandémie dont nous commençons à mesurer les conséquences dans tous les aspects de la société et aussi dans notre Église. Il ne suffit pas de presser un bouton pour réactiver ce qui s’est arrêté il y a plus de 2 ans. Le monde a changé et nous aussi ! Les défis sont importants pour notre paroisse et notre Église réformée du Canton de Neuchâtel.

Il y a la guerre en Ukraine qui nous touche. Du point de vue de l’unité des chrétiens, elle interroge aussi. Le patriarche de Moscou soutient l’invasion russe. Le pape François adopte une position contre la guerre et la prolifération des armes en interrogeant aussi sur les responsabilités occidentales. Certains lui reprochent son ambiguïté. Dans notre région, nous prions pour la paix et contribuons aussi à l’accueil des réfugiés. Qu’avons-nous à dire comme chrétiens sur le monde qui se construit pour demain quand les budgets militaires augmentent et que nous peinons à répondre à la crise climatique ?

Je crois profondément que l’Esprit continue de souffler, mais comment entendre sa voix ? Il nous arrive même d’être divisés sur la manière d’entendre l’Esprit, par exemple dans les discussions autour du mariage pour tous.

C’est toutes ces réflexions qui m’ont amené à choisir aussi le texte de Romains 8 qui fait écho à ce que nous vivons :

« Nous savons, en effet, que maintenant encore la création entière gémit et souffre comme une femme qui accouche. Mais pas seulement la création : nous qui avons déjà l’Esprit Saint comme première part des dons de Dieu, nous gémissons aussi intérieurement en attendant que Dieu fasse de nous ses enfants et nous accorde une délivrance totale »

En réfléchissant sur la condition chrétienne, Paul invite les chrétiens à ne pas tout porter par eux-mêmes, mais à s’en remettre à Dieu. Notre réalité est encore marquée par le péché même si Dieu nous sauve en Jésus-Christ. Paul invite à la persévérance dans l’espérance que tout s’accomplira en Jésus-Christ au-delà de ce que nous voyons.

La persévérance, c’est tous les petits gestes du quotidien, c’est la prière, l’accueil, l’engagement fidèle dans la communauté et pour les autres.

Paul rappelle aussi que le centre de la foi, c’est Jésus-Christ. C’est sa vie, sa mort et sa résurrection qui fondent la vie croyante. Cet amour de Dieu est donné et il peut être le moteur de vie du chrétien quoi qu’il arrive. Paul termine le chapitre 8 de la lettre aux Romains ainsi :

« Oui, j’ai la certitude que rien ne peut nous séparer de son amour : ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni d’autres autorités ou puissances célestes, ni le présent, ni l’avenir, ni les forces d’en haut, ni celles d’en bas, ni aucune autre chose créée, rien ne pourra jamais nous séparer de l’amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. »

C’est l’Esprit de Dieu qui nous permet de croire et de persévérer. Quand nous nous ouvrons à son action, nous pouvons entrevoir le monde, les autres et nous-mêmes avec les yeux de Dieu. J’aime les paroles du cantique que nous chanterons à la fin du culte : « Dieu qui nous appelle à vivre »

Pour que s’accomplisse l’appel de Dieu à vivre, nous prions avec ce chant : « Fais en nous ce que tu dis, fais jaillir en nous l’Esprit ».

Nous avons besoin de cette source de vie qui renouvelle notre regard et nous permet de discerner l’action de Dieu. En Actes 2, le premier effet de la Pentecôte, c’est que chacun entend parler des merveilles de Dieu dans sa langue, dans sa culture.

Les merveilles de Dieu, c’est Dieu qui vient à notre rencontre, en Jésus-Christ, dans ce qu’il a accompli à travers sa vie, sa mort et sa résurrection.

Les merveilles de Dieu, c’est que ce message, cette Bonne Nouvelle est arrivée jusqu’à nous, à travers l’histoire, malgré les errements de l’Église à travers les siècles.

Les merveilles de Dieu, c’est ce que Dieu fait encore et toujours dans nos vies quand nous lui laissons la place : l’élan retrouvé, le courage d’une réconciliation, des choix de vie, l’engagement pour les autres, les clins de la nature, tous ces signes qui nous sont adressés à chacun et chacune.

Pour parler des merveilles de Dieu, il y a besoin de la voix particulière de chacun et chacune, parce qu’en Jésus-Christ, Dieu est venu pour chaque être humain de cette terre.

Pendant le silence et la musique qui vont suivre, laissons-nous porter par l’Esprit de Dieu et prenons le temps de regarder nos vies pour y discerner les merveilles de Dieu. Et demandons-nous aussi, portés par l’Esprit, comment nous avons envie de les partager.

Amen.