Culte du 5e dimanche de Pâques – Couvet, 14 mai et La Côte-aux-Fées, 15 mai 2022
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Le Seigneur est ressuscité. Alléluia !
Il est vraiment ressuscité. Alléluia !
Jésus crucifié et ressuscité nous devance ici et nous accueille pour une vie nouvelle qui nous incite à lui chanter un chant nouveau.
Soyez toutes et tous les bienvenu·e·s pour ce temps de culte.
Que votre vie soit renouvelée pour ouvrir votre attention à la vie de Dieu, pour une nouvelle attention les un·e·s aux autres et un nouveau partage.
Soyons attentifs au Dieu de la Vie qui nous accueille ici. Je vous invite à prier.
Invocation
Dieu très bon, tes œuvres te bénissent et les cieux chantent ta gloire.
Donne-nous d’unir nos voix à l’assemblée de ceux qui te louent.
Que notre vie entière soit un hymne à ta grandeur, aujourd’hui et pour tous les jours.
Amen
Louange – Psaume 98
1 Chantez au SEIGNEUR un chant nouveau, car il a fait des choses magnifiques.
Par sa force et sa puissance sainte, il a remporté la victoire.
Terre entière, chante ta joie au Seigneur !
4 Criez de joie pour le SEIGNEUR, tous les habitants du monde, poussez des cris de joie et chantez !
5 Jouez pour le SEIGNEUR sur la harpe, sur la harpe, au son des instruments !
Terre entière, chante ta joie au Seigneur !
6 Sonnez de la trompette et du cor, criez de joie devant le SEIGNEUR notre Roi !
7 Que la mer rugisse avec tout ce qu’elle contient, que le monde rugisse avec ses habitants !
Terre entière, chante ta joie au Seigneur !
8 Que les fleuves battent des mains, que les montagnes crient de joie 9 devant le SEIGNEUR, car il vient !
Oui, il vient pour juger la terre.
Il jugera le monde avec justice, sans faire de différence entre les peuples.
Terre entière, chante ta joie au Seigneur !
Lecture de la Bible
Apocalypse 21,1-6
Jean 13,31-35
Prédication de David Allisson

Espérer, c’est vivre avec Jésus crucifié et ressuscité. Espérer, c’est être résolument engagé et actif dans une vie nouvelle, une vie où la mort n’existe plus, comme le dit l’apocalypse.
Espérer, c’est avoir connu le fond de la souffrance et du désespoir et voir sa soif étanchée gratuitement de l’eau de la source qui donne la vie.
Espérer, ce n’est pas croire que tout va s’arranger.
Espérer, c’est vivre et construire une humanité qui est nourrie et abreuvée de ce ciel nouveau et de cette terre nouvelle marqués d’une Vie plus grande que la nôtre, une vie qui nous renouvelle et qui nous engage.
C’est plus difficile qu’on croit, vous savez.
Les premiers auditeurs de l’Apocalypse étaient des chrétiens persécutés, meurtris, qui ont vu beaucoup de proches mourir et être massacrés.
Pour eux, cette joie de vivre en voyant détruit et supprimé tout ce qui peut nuire au bonheur n’était pas plus facile à entendre que pour nous.
La pandémie de covid laisse des traces et continue de réduire nos possibilités de vie.
La guerre en Ukraine abîme notre espoir de sortir de cette situation difficile parce que les souffrances des populations dépassent largement la maladie et les deuils que nous avons connu ces années récentes.
La crise climatique atteint une telle gravité qu’il semble à certains, de plus en plus nombreux, qu’il ne reste que la désobéissance civile et son engagement militant. Pour eux, il est trop tard pour espérer encore.
Chaque coup que l’existence nous porte semble réduire la possibilité d’une terre nouvelle, d’un ciel nouveau et d’une vie où la mort n’existera plus.
« Apocalypse » veut dire « révélation ». Pour l’auteur du dernier livre de la Bible, il ne s’agit pas d’échapper aux souffrances et au difficultés humaines en proposant une échappatoire au-delà de la mort.
C’est un livre de visions. Il révèle l’avenir pour donner le courage d’affronter le présent. C’est pour la vie que nous nous engageons. Ce n’est pas un activisme propulsé par l’énergie du désespoir qui ne nous permettra pas d’échapper aux souffrances et à la mort. Cette souffrance humaine, nous y sommes accompagnés par le crucifié ressuscité qui ouvre une vie possible. Ce n’est pas seulement une sorte de survie, mais c’est une vie possible.
Symboliquement, ce renouvellement de toutes choses est représenté par la disparition de la mer : Israël n’est pas un peuple de marins, c’est clair ! Rappelons-nous aussi que la Création de l’univers est réfléchie dans la Bible à partir de la création du peuple élu ; or cette naissance du peuple arraché à l’esclavage en Égypte, a été une victoire sur la mer : Dieu a fait apparaître la terre ferme pour le passage de son peuple ; le peuple sauvé a traversé à pied sec, et les forces du mal, les forces de l’esclavage, de l’oppression ont été englouties… Plus tard, cette fois dans le Nouveau Testament, au cours de sa vie terrestre, le Fils de Dieu fait homme a manifesté sa victoire sur le mal, sur les forces de l’abîme en marchant sur la mer…
Et je pense aussi à ces personnes, des enfants, des femmes et des hommes qui cherchent refuge au-delà de la méditerranée et qui sont abandonnés et même poussés dans le noir des eaux. Eux aussi aimeraient sûrement que la mer n’existe plus.
Ce ciel nouveau et cette terre nouvelle sont marqués par la descente, envoyée par Dieu, de la ville sainte, la Jérusalem nouvelle.
C’est un lieu nouveau pour la présence de Dieu dans l’humanité, comme un nouveau foyer à créer et à vivre. La ville s’est faite belle comme une jeune mariée qui attend son mari. Le renouvellement de la terre et de l’humanité est placé sous le signe de l’amour.
C’est comme si Jésus dans l’évangile de Jean ne pouvait pas le répéter assez. Je relis quelques lignes.
Jésus dit à ses amis :
« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Oui, aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Ayez de l’amour les uns pour les autres. Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples. »
Nous ne sauverons pas le monde. Mais l’amour dont nous nous aimons les uns les autres est signe de ce ciel nouveau et de cette terre nouvelle : un monde sauvé, en somme.
Le centre de la nouvelle Création porte le nom de la ville sainte qui, depuis tant de siècles, symbolise l’attente du peuple élu : le nom même de Jérusalem signifie « Ville de la justice et de la paix »… Et, en même temps, cette nouvelle cité « descend d’auprès de Dieu », et elle est dite « nouvelle » : ce qui veut dire qu’elle n’est pas seulement œuvre humaine. Cela signifie que le Royaume de Dieu que nous attendons et auquel nous essayons de travailler est à la fois en continuité ET en rupture avec cette terre : voilà de quoi galvaniser notre énergie ! Nous sommes invités tout simplement à collaborer avec Dieu. Notre œuvre sur cette terre contribue au renouvellement de la Création, car l’intervention de Dieu transfigurera nos efforts.
Voilà la foi qui nous anime : l’amour que Dieu met en nous énergise notre façon d’aimer et notre endurance.
C’est à cet acte de foi que nous sommes invités d’abord ! Croire que son Esprit d’amour nous habite, que ses ressources d’amour nous habitent : que nous avons désormais des capacités d’amour insoupçonnées, parce que ce sont les siennes… et alors il nous devient possible d’aimer « comme » lui parce que c’est son Esprit qui agit en nous.
Est-ce que tout cela n’est pas un peu trop beau ? Nous savons par expérience que cela ne va pas de soi d’aimer notre entourage : il y a des gens avec qui cela va tout seul, comme on dit ; il y en a d’autres avec qui c’est bien difficile… sans parler de ceux pour lesquels nous éprouvons une véritable allergie ou pire encore, ceux qui ont agi envers nous d’une manière impardonnable. Jésus n’ignore certainement pas tout cela quand il donne ce commandement à ses disciples ; mais il ne faut pas confondre amour et sensibilité : Jésus vient de montrer en actes de quel amour nous pouvons nous aimer ; rappelons-nous le contexte : cela se passe pendant son dernier repas avec ses disciples. Jésus a commencé par leur laver les pieds, à leur grand étonnement : lui, le Seigneur et le Maître, s’est fait leur serviteur. Et il a terminé en disant : « C’est un exemple que je vous ai donné ; ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi ». C’est donc cela aimer « comme » il nous a aimés… et, après tout, si on y réfléchit, il est possible de se mettre au service les uns des autres, même de ceux pour lesquels nous n’éprouvons pas d’attirance. Or notre fidélité à ce commandement est vitale pour Jésus, puisque c’est à cela que nos communautés seront jugées : d’après lui, le plus important, ce n’est pas la qualité de nos discours, de notre théologie, ou de nos connaissances, pas non plus la beauté de nos cérémonies ; c’est la qualité de l’amour que nous nous offrons les uns aux autres… (Pourtant il est rare qu’on ait l’idée de juger l’histoire de l’Église sur ce critère).
En attendant, nous ne devons jamais oublier ce cri de victoire de Jésus le dernier soir : « Maintenant, le Fils de l’homme reçoit de Dieu la gloire, et ainsi Dieu montre sa gloire en lui. » En Jésus, l’humanité est introduite dans la gloire de Dieu, dans la présence de Dieu, dans la vie de Dieu, par l’événement de la passion-Mort-Résurrection. Et parce qu’ils sont désormais introduits dans la gloire de Dieu, les disciples de Jésus-Christ peuvent vivre leur vie sous le signe de l’amour… puisque Dieu est amour et que désormais sa présence rayonne à travers eux.
Dieu met en nous son amour pour que nous puissions nous aimer les uns les autres, à sa façon.
Y croire, c’est le laisser agir en nous.
« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Oui, aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Ayez de l’amour les uns pour les autres. Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples. »
Amen
Intercession
Seigneur, en ce jour où l’Église nous invite avec le psaume 98 à te chanter de manière nouvelle, que nos voix se joignent à celles des anges.
Nous te rendons grâce pour celles et ceux qui, dans les communautés chrétiennes ou dans le silence de leur maison, chantent le Seigneur.
Nous te rendons grâce pour les compositeurs et les poètes, les musiciens et les chanteurs qui offrent leurs talents pour faire monter à Dieu notre prière.
Nous te rendons grâce pour celles et ceux qui, malgré les épreuves de la vie, n’ont pas perdu leur voix.
Dans le silence, confions à Dieu ce qui nous tient particulièrement à cœur.
silence
Seigneur, que notre louange porte celles et ceux qui ne peuvent chanter ta gloire et que ton souffle nous ouvre le ciel dès ici-bas.
Tu es béni pour les siècles des siècles.
Amen