Cultes du 12 mars 2022 à Couvet et du 13 mars 2022 à Travers

Lectures bibliques :
– Exode 3, 1-14
– 2 Timothée 1, 6-8
Message :
Ce texte bien connu du buisson ardent résonne autrement, avec les nouvelles qui nous parviennent d’autres pays, d’Ukraine et de Russie plus particulièrement.
Pourtant, ce n’est pas à ce conflit que j’ai pensé quand j’ai choisi ce texte. Pour moi il entre plus en écho au thème du Carême et avec le baptême célébré ce dimanche. Je me suis demandé quelles étaient ces flammes intérieures, ces forces et ces énergies qui nous interpellent, nous nourrissent et nous guident, dans notre vie mais aussi dans notre mission envers les autres et notre monde.
Dans notre mode de vie actuel, nous utilisons l’énergie sous bien des formes : celle qui nous vient du nucléaire, du vent, du gaz, du charbon, du bois, de l’eau, du soleil…
… et cela fait un moment déjà que nous nous sommes rendu compte que la manière d’exploiter ces ressources n’était pas sans conséquences :
– Parce que ces ressources ne sont pas illimitées
– Parce que l’utilisation des richesses de la terre n’était pas répartie de manière équitable
– Parce que notre démesure est en train de changer le climat
Beaucoup ont pris conscience que notre mode de vie devait s’adapter. Mais ce n’est pas si facile à concrétiser !
Chez moi, j’ai l’impression de faire des efforts depuis plusieurs années, comme beaucoup d’entre vous j’imagine : limiter la consommation d’eau, d’électricité, trier les déchets, en produire moins, privilégier les trajets à pied ou à vélo…
Et voilà que depuis environ 2 ans, depuis l’arrivée de nos enfants, tout a de nouveau été chamboulé : je m’entends dire à longueur de journée “Éteints la lumière quand tu sors d’une pièce !”, “Ne fais pas couler l’eau aussi longtemps !”, “Ne tire pas la chasse d’eau juste pour t’amuser !”, “Finis ta pomme, sinon c’est du gaspillage !”, “Ne met pas ta pelure de banane dans la poubelle, mais dans le compost !”, “N’enclenche pas le radiateur à fond, et ne laisse pas la fenêtre ouverte aussi longtemps quand il chauffe !”, “N’utilise pas autant de papier toilette pour t’essuyer !”
J’essaie de leur apprendre les bons gestes… et dans le même temps je ne suis pas cohérente non plus : c’est pratique de laisser son téléphone ou son ordinateur portable charger la nuit pour être sûre qu’ils soient prêts à utiliser le lendemain ; faire couler un bain pour les enfants après la journée de ski, c’est sympa !
Et c’est quand même plus facile de prendre la voiture pour faire les courses ou être à l’heure pour les cours de piscine.
Et puis je n’ai pas forcément toujours le temps de faire le tour des petits commerces alors qu’on trouve presque tout en grande surface !
Oui, nous savons tous que nous avons encore des efforts à faire, et les bons gestes à apprendre.
Mais aujourd’hui, j’aimerais aussi m’arrêter sur ce qui nous anime, à l’intérieur de nous.
Dans le récit entendu tout à l’heure, Moïse est interpellé par un buisson, qui brûle sans se consumer. Une force, qui transmet son énergie, mais sans épuiser sa source.
Il s’approche, et perçoit la voix de Dieu qui l’appelle. Cette présence lui révèle être le Dieu de ses ancêtres.
Dieu lui dit alors avoir vu les souffrances endurées par son peuple en Égypte et entendu leurs cris.
Il lui confie être descendu pour les délivrer du joug qui pèse sur eux, et les conduire dans un pays ruisselant de lait et de miel.
Et il l’envoie, lui Moïse, être le bras qui va libérer les Israélites.
Mais Moïse ne se sent pas les épaules : où trouver la force et l’énergie nécessaire à cette tâche impossible ?
La voix poursuit : je suis avec toi. Ce sera moi, la force qui te permettra d’affronter les épreuves qui t’attendent.
Plus loin il lui promet que des signes accompagneront ses démarches, et il lui donne aussi son frère Aaron comme compagnon de route.
Il lui révèle enfin le nom de celui qui l’envoie : “JE SUIS”.
Drôle de nom, qu’on peut interpréter de diverses manières. Celui qui est et sera de toute éternité ; celui qui sera qui il faut au gré des circonstances… J’aime bien pour ma part la traduction qui propose “LE VIVANT”, celui qui met de la vie en toutes choses…
Moïse avait besoin d’être remis en route.
Je dois avouer que, moi aussi, face à l’énormité de la tâche et de l’élan nécessaire pour inverser la tendance face au défi climatique, j’ai besoin d’être remise en route.
J’ai besoin de me rappeler tout d’abord de Celui qui m’envoie. Que ce défi n’est pas lancé que par les circonstances, ou d’autres personnes, mais par Dieu, le Créateur de tout ce qui vit, et qui nous a confié cette terre.
J’ai besoin de me sentir rejointe dans nos préoccupations humaines par un Autre, plus grand que moi, capable d’ouvrir de nouvelles portes et de tracer de nouvelles voies.
J’ai besoin de me rappeler que tout ne dépend pas de mes propres forces, mais que je peux trouver en lui la source et l’énergie nécessaire, la flamme intérieure et la force de vie qui me pousse en avant.
Que c’est une énergie aussi qui ne s’épuise pas avec le temps, mais qui reste là, quoiqu’il arrive.
J’ai besoin de savoir que je ne suis pas seule sur ce chemin. Que c’est ensemble, avec les compagnes et compagnons de route qui me seront donnés que j’ai à avancer, et que je dois me concentrer sur la part qui m’appartient, et ce que je peux faire ici et maintenant.
J’ai besoin de recevoir la confiance que, sur la route à parcourir, des signes, des encouragements me seront donnés, et que des perspectives s’ouvriront.
Il y a certains gestes que nous savons devoir faire. D’autres pistes nous sont données au travers des documents de la Campagne, et les différentes actions proposées tout au long du Carême.
Mais aujourd’hui j’aimerais surtout nous inviter à reprendre force et énergie, les uns avec les autres et sous le regard de Dieu, pour affronter ce qui nous attend, comme nous y invite l’épître à Timothée : «Ravive le don gratuit de Dieu qui est en toi. Car ce n’est pas un Esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse. N’aie pas honte de ton témoignage, mais accepte la part de difficulté que tu rencontres dans ta mission d’Évangile, en comptant sur la force que Dieu donne.»
Amen.
Prière les uns pour les autres (Tirée en partie du dossier de Carême – Célébration pour les familles : “Allumer ou éteindre, telle est la question”)
Ô Dieu,
Nous te demandons de la confiance pour les personnes qui se sont résignées et se sont éteintes face au changement climatique qui semble inéluctable.
Nous te demandons du courage pour les personnes qui sont constamment sur le qui-vive et qui ont du mal à se déconnecter.
Nous te demandons des forces nouvelles pour celles et ceux qui sont épuisés et sans énergie.
Nous demandons de la détermination pour nous, les humains, afin que la solidarité avec les personnes ignorées et pour la création ne reste pas un vœu pieux.
Nous te remettons de même nos préoccupations personnelles, pour une difficulté traversée par nous ou par nos proches.
Nous te prions particulièrement en ce moment pour les épreuves traversées par la population d’Ukraine.
Et comme nous y invite la feuille d’annonce, nous te confions aussi :
– Célestin et sa famille
– Les descendants d’Abraham : Juifs, Chrétiens, Musulmans – l’humanité,
– Les personnes en quête de lumière et celles qui éclairent autour d’elles,
– Le discernement des un·e·s et des autres pour leur vie et dans leurs engagements,
– Les ministres et responsables de l’EREN et des Églises de la région.
Ainsi que toutes les personnes que tu nous mets en mémoire.
Ravive la flamme de chacun et chacune.
Amen.