Culte musical et chanté présidé par Séverine Schlüter le 7 novembre 2021 au temple de St-Sulpice
Orgue: Jean-Samuel Bucher / Flûte à bec: Véronique Truong / Lectures et service: Marinette Jequier
Lectures bibliques :
Psaume 46 (d’après paroles du recueil Alléluia 64-29), avec refrain de Taizé
Alléluia, alléluia, alléluia (bis)
Dieu est pour nous un abri sûr,
un secours toujours prêt dans la détresse. C’est pourquoi nous n’avons rien à craindre, même si la terre se met à trembler,
si les montagnes s’écroulent au fond des mers,
si les flots grondent, bouillonnent,
se soulèvent et secouent les montagnes.
Alléluia, alléluia, alléluia (bis)
Un cours d’eau répand la joie dans la cité de Dieu,
dans la plus sacrée des demeures du Très- Haut.
Dieu est dans la cité, elle tiendra bon ; dès que le jour se lève, il lui apporte son secours.
Les nations grondent, les empires s’ébranlent,
mais Dieu donne de la voix, et la terre vacille.
Le Seigneur de l’univers est avec nous, le Dieu de Jacob est notre forteresse.
Alléluia, alléluia, alléluia (bis)
Venez voir ce que le Seigneur a fait,
les actes stupéfiants qu’il accomplit sur terre : il met fin aux combats jusqu’au bout du monde,
il casse les arcs de guerre,
il brise les lances,
il met le feu aux boucliers.
« Arrêtez, crie-t-il, et reconnaissez que je suis Dieu !
Je domine les nations, je domine la terre. »
Alléluia, alléluia, alléluia (bis)
Gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours,
pour les siècles des siècles ! Amen.
Message : faire face à nos défis d’Eglise, entre fragilités et amour de Dieu, puissance de vie
> un vase en terre est posé sur la table.
« Dieu est pour nous un abri sûr, un secours toujours prêt dans la détresse. »
Nous sommes en 1529. Une période compliquée pour Martin Luther, qui lutte contre la maladie, les dangers dus à ses prises de position, des querelles internes entre protestants, et le découragement.
Peut-être se sent-il comme ce vase, à la fois vide, et fragile…
Pour combattre la dépression, il se réfugie dans la musique et les Ecritures. Il traduit la bible dans la langue du peuple, pour que tous y aient accès. Il écrit son petit catéchisme, ainsi que des hymnes…
Le Psaume 46 l’inspire particulièrement, notamment le premier verset : « Dieu est pour nous un abri sûr, un secours toujours prêt dans la détresse. » verset qu’il se répète avec persévérance.
Après tout, ce vase n’est pas là par hasard… quelqu’un l’a voulu, et façonné. Quelqu’un capable de le défendre !
La force qu’il puise dans ce psaume est à la source de son cantique le plus connu : «C’est un rempart que notre Dieu», qui deviendra le cri de ralliement de la Réforme et qu’on entendra chanter un peu partout de par les rues.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Le contexte a changé, le monde a évolué. Les défis de nos Eglises ne sont plus les mêmes… pourtant ils sont bien là ! Et il nous faut aussi à notre tour trouver les moyens d’y faire face.
Baisse des rentrées de la contribution ecclésiastique, érosion des membres et peine à les renouveler, perte de crédit de l’Eglise pour nos contemporains, chamboulements dus à la pandémie, moments conviviaux réduits, solitude croissante de nos aînés…
Il y a de quoi se sentir fragiles, et découragés.
Qui sommes-nous, pauvres vases d’argile, pour infléchir cette tendance ?
« Dieu est pour nous un abri sûr, un secours toujours prêt dans la détresse. »
Peut-être, après tout, n’est-ce pas notre rôle premier de chercher à retenir le cours du temps, à inverser les tendances ou à préserver à tout prix ce qu’on a toujours connu. Il est normal que la vie, les expériences bonnes ou mauvaises nous façonnent.
Je ne sais pas si vous avez déjà vu un potier travailler. Au départ, l’argile n’est qu’une masse informe. Puis, sous les doigts de l’artisan, elle commence à changer d’aspect, à s’allonger, ou s’arrondir, se creuser… il faut pour cela plusieurs va et vient, au cours desquels l’objet en question prend plusieurs formes avant de recevoir ses contours définitifs.
Oui, notre Eglise tout comme notre monde vit des bouleversements. Ils peuvent nous inquiéter. Pourtant, depuis le début de son histoire, l’Eglise au sens large a connu de nombreuses formes, au gré des époques. Et elle est toujours là. Parce qu’elle a su s’adapter, se réformer sans cesse, comme dirait Luther.
Et si c’était tant mieux ? Et si cela nous poussait à mieux comprendre le rôle que nous pouvons jouer ?
« Dieu est pour nous un abri sûr, un secours toujours prêt dans la détresse. »
Non, ce n’est pas forcément sur les évolutions et difficultés actuelles qu’il faut s’arrêter, mais mettre son énergie dans ce qu’il y a à créer, à inventer.
Le synode de notre Eglise s’est doté d’un nouvel espace d’échange d’idées, qu’il a appelée “plateforme recherche et développement”.
Je ne sais pas du tout ce qui va émerger de cette plateforme… mais je crois que, en effet, il nous faut trouver comment être Eglise aujourd’hui, dans ce monde en mutation, comment être le mieux présent auprès de nos contemporains, et avec eux.
Comment alors va-t-on remplir ce pot, ce vase ?
Ce genre de récipient, on y conservait des boissons, de la nourriture. On y met aujourd’hui des fleurs. Toute choses qui font du bien au corps, et à l’esprit.
Si je réfléchis à ce qui se vit dans notre paroisse, je me dis qu’il y a tout de même pas mal d’occasions déjà de se réjouir : il y a des leçons de religion qui ont repris, un groupe de jeunes motivés par le catéchisme, il y a des propositions de cultes variés avec Terre Nouvelle, les chants de Taizé, les musicaux et chantés comme aujourd’hui, les RandOcultes, l’accompagnement des endeuillés ; nous avons pu dernièrement accueillir la Marelle, organiser une soirée d’échange, et bien d’autres choses encore – notre paroisse, notre Eglise vit. Mais tout là-dedans ne sera pas forcément appelé à perdurer toujours selon le même modèle.
Le trésor que l’on porte avant tout, nous dit la 2ème épître aux Corinthiens, c’est l’Évangile, la bonne nouvelle de la venue du Christ, visage de Dieu parmi nous, lumière apportée dans les ténèbres de nos existences ; c’est la bonne nouvelle de cette puissance de vie, plus forte que les forces de mort qui nous côtoient.
Notre rôle, notre défi actuel, au-delà de nos traditions et structures ecclésiales, c’est de propager cette lumière qui nous habite, rechercher ensemble, ce qui fait vivre. Peu importe au fond comment. Sous quelle forme. Peu importe nos failles et notre fragilité.
En faisant confiance que nous ne sommes pas façonnés que par les événements, mais aussi par l’amour de Dieu.
« Dieu est pour nous un abri sûr, un secours toujours prêt dans la détresse. »
Amen.