Textes bibliques
– Marc 10, 13-16
– 1 Jean 4, 7-12
Prédication de Patrick Schlüter
La période que nous vivons est fatigante, usante. Elle met à l’épreuve nos vies, nos relations. Elle polarise. Tout cela, nous le vivons chacun et chacune à des degrés divers selon nos rythmes de vie et nos habitudes.
Il y a une question qui m’habite depuis un certain temps avec ce que nous vivons : qu’est-ce que cela change dans nos vies d’être chrétiens ? Comment est-ce que notre foi nous porte dans ce temps que nous vivons ?
Finalement, avec cette pandémie, nous découvrons ou plutôt reprenons conscience de la fragilité de la vie elle-même, du mode de vie qui est le nôtre et aussi des relations qui sont mise à l’épreuve, consolidées ou fragilisées.
Comme chrétiens, nous ne sommes pas différents des autres humains de cette terre et nous n’avons pas plus de réponses à donner face à cette crise mondiale.
Ce week-end, nous vivons 2 baptêmes. Pourquoi baptise-t-on ? La réponse à cette question n’est pas si facile que cela à apporter ! Vous les parents de Lilou et Serena en avez fait l’expérience en réfléchissant à cette question. C’est la question de la foi, de la relation à Dieu qui se pose quand nous baptisons.
J’ai eu envie pour les cultes de ce week-end de revenir à la base de la foi, pour reprendre souffle. C’est pour cela que j’ai choisi les 2 textes que nous avons entendu.
La foi chrétienne se repose sur Jésus-Christ, sur son accueil des plus petits, ici des enfants qu’il bénit en les accueillant. C’est la vie donnée de Jésus qui est la base de la foi. Jésus fait découvrir le visage d’un Dieu d’amour qui veut redonner à chacun sa dignité, son visage d’enfant de Dieu.
Le baptême affirme l’importance de chacun et chacune pour Dieu, indépendamment de toutes les circonstances de la vie. Lilou et Serena sont infiniment précieuses pour Dieu, comme l’est chaque être humain de cette terre. Lilou et Serena sont uniques et ce Dieu d’amour révélé par Jésus veut les rencontrer et écrire son histoire avec elles.
Le baptême nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. Nos vies sont accompagnées par Dieu. Le formidable défi qui est offert à Lilou et Serena, ainsi qu’à nous tous, c’est de se laisser aimer par Dieu et d’aimer l’autre comme soi-même. C’est le défi d’une vie, au-delà de toutes les noirceurs du monde et des difficultés du chemin.
Je nous invite aujourd’hui à revenir à cette base de la foi au-delà de toute nos usures, de toutes nos fatigues. Retrouvons cette légèreté des enfants, accueillis par Jésus et modèles d’accueil du Royaume de Dieu.
J’aimerais vous raconter une histoire juive :
Mon histoire se passe en Russie dans une petite ville. Les Juifs de cette ville attendaient la visite d’un personnage important, un rabbin, un spécialiste des questions sur la vie et sur Dieu. C’était un événement très rare. Alors tous les habitants de cette petite ville se mirent à préparer les questions qu’ils voulaient poser à ce rabbin. Ils y mirent beaucoup de temps.
Voilà qu’enfin ce rabbin arrive. On le reçoit à l’hôtel de ville dans la grande salle. Le rabbin en entrant sentit la très grande tension qu’il y avait dans l’air, car tout le monde attendait avec impatience et attention les réponses que le rabbin pourrait apporter à toutes les questions que les habitants se posaient.
D’abord, le rabbin ne dit rien : il regarda les gens dans les yeux et se mit à fredonner une mélodie obsédante, ce genre de musique qu’on arrive plus à oublier une fois qu’on l’a entendue. Bientôt tous les habitants se mettent aussi à chantonner cette mélodie. Le rabbin se met alors à chanter à pleine voix et tous les gens chantèrent avec lui. Le rabbin commença à se dandiner et entama une danse rythmée. Tous les gens qui étaient dans la salle se trouvèrent entraînés dans la danse. Et on se mit, à danser, à danser…
Chacun était si concentré sur les pas de danses qu’on en oublia tout ce qui existe d’autre sur la terre.
Et alors toutes les personnes qui étaient là furent soudées dans un ensemble, réunies dans cette danse. Tous furent libérés de leurs tensions intérieures, de ce sentiment d’être morcelé, divisé à l’intérieur de soi, de ce sentiment qui nous écarte de la vérité, de Dieu et du vrai sens de la vie.
Il fallut une heure pour que la danse s’arrêtât. Une fois la tension chassée de son être intérieur, chacun s’assit dans la paix silencieuse qui remplissait la pièce. Le rabbin dit alors les seuls mots qu’il prononça ce soir-là : “Je pense bien avoir répondu à toutes vos questions.”
Amen.