Jésus, le pain vivant descendu du ciel – prédication du 12 août 2018

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Elie, lève-toi et mange, car tu devras faire un très long voyage. 1 Rois 19,7

Culte du 12 août 2018 – Noiraigue

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Lecture de la Bible

1 Rois 19,4-8 – Mange, car tu devras faire un très long voyage
Jean 6,41-51 – Je suis le pain descendu du ciel

Prédication de David Allisson

Ces derniers temps, je me suis intéressé dans mes lectures à la question de la transition. La transition est un mouvement dont les acteurs cherchent à réduire la consommation en énergie non renouvelable, à favoriser l’économie locale et les cultures locales, à augmenter les liens de solidarité entre les personnes et à travailler à davantage d’autonomie au quotidien, notamment pour les besoins de base.
Il y a un avenir pour notre monde et pour l’humanité. C’est un avenir dans lequel il nous faut entrer maintenant, avant que le monde ne soit détruit par les changements du climat, les conflits et les inégalités que l’humanité a suscités.
Les défenseurs de la transition se méfient des chrétiens parce que leur interprétation de la Bible a, selon eux, stimulé l’utilisation et l’exploitation de la nature qui doit être soumise à l’homme.
Une partie du langage de la transition est bien exotique pour moi qui suis né dans une société de consommation et de production de déchets. J’ai appris à vivre dans une société faite pour les individualistes.
C’est un peu comme le langage du culte qui est bien exotique pour certains dans la famille du baptisé. Et des fois pour nous-mêmes aussi.
Mais je crois à la rencontre et je pense que nous pouvons vivre une rencontre dans ce culte aujourd’hui.
Quand nous partons d’un regard de constat sur l’état de notre monde aujourd’hui, il y a bien du négatif. J’y reviendrai un peu.
Et aussi dans les textes bibliques d’aujourd’hui cela part mal.
Je prends d’abord le texte évoquant le prophète Elie.
Pour Elie, c’est la grosse déprime !
Il est si désespéré qu’il se couche dans le désert sous un genêt, et il veut mourir parce qu’il pense qu’il ne vaut pas mieux que ses ancêtres qui n’étaient déjà pas terribles. Elie est en fuite parce que, pour montrer la force de son Dieu, il a appelé la puissance du Seigneur pour tuer 400 prophètes de divinités adverses, protégés par la reine Jézabel. Vu ce qu’il a fait à la reine et à ses prophètes, il se rend compte que c’est un peu normal qu’elle cherche à le faire mourir et il préférerait que le désert et Dieu se chargent de son sort.
Cette situation d’Elie, c’est peut-être un peu celle de l’humanité aujourd’hui. Par certains côtés, nous lui ressemblons. Nous voilà déprimés parce que le monde va mal : le climat est modifié – les incendies et les inondations se multiplient, l’économie concentre la richesse entre les quelques mains des plus puissants, les guerres et le terrorisme font couler le sang…
La terre et l’humanité semblent aller au désastre écologique, social et économique.
La transition pense qu’il y a pourtant un avenir. Vous, parents de Gabin, et toutes les personnes qui font des enfants sont dans ce mouvement. Nous espérons un avenir pour nos enfants. Nous croyons qu’il y a un avenir pour eux.
Le mouvement de la transition lance un appel semblable à celui des prophètes et de Jean-Baptiste au début des évangiles : le temps est maintenant arrivé ! changez de comportement maintenant !
Mais Elie n’en n’est même pas encore à entendre cet appel. Il est en plein déprime.
Et du fond de sa déprime Elie reçoit l’inspiration.
L’humanité aujourd’hui peut aussi recevoir l’inspiration au fond de sa déprime.
Pour Elie, l’inspiration, c’est un plateau repas et un envoi : « Lève-toi et mange, car tu devras faire un très long voyage. » Je le dis en passant : pour Elie, ce voyage sera celui d’une nouvelle rencontre avec Dieu et du renouvellement de son engagement de prophète.
D’après les meneurs de la transition, l’inspiration pour l’humanité aujourd’hui, c’est retrouver la conscience que la terre ne lui appartient pas. L’humanité appartient plutôt à la terre. L’humanité fait partie de la nature, du monde écologique et doit penser à ce qu’elle peut apporter à l’écosystème. Pour cela, l’humanité va renoncer à l’exploitation à sens unique dans laquelle elle est engagée.
En fait de plateau repas, l’humanité est aujourd’hui invitée à se nourrir davantage de la nature proche : toucher l’herbe, les arbres et les rochers, faire pousser des choses chez soi, diminuer le sous-vide et l’encartonné des supermarchés, d’autant plus quand les produits frais viennent de l’autre bout du monde.
Les chrétiens reçoivent leur inspiration de Jésus.
Jésus s’exprimait régulièrement dans les Synagogue qui étaient chez lui les maisons de culte, d’enseignement et de prière.
Cette fois, à Capernaüm, Jésus vient d’annoncer : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. » [Jn 6,35]
En voilà un plateau repas ! Plus faim, plus soif, malgré les incendies, les sécheresses et les inondations. Voilà la réponse !
Nous avons besoin de l’assimiler et de la digérer, mais c’est bien dans cette direction que se trouve la réponse.
J’ai reçu vendredi sur internet cette citation d’un juriste et avocat américain qui, avec des scientifiques, se bat pour l’environnement [Gus Speth] :
« Avant, je pensais que les plus grands problèmes environnementaux étaient la perte de la biodiversité, la destruction des écosystèmes et le changement du climat.
Je pensais que 30 ans de bonne science pouvaient affronter ces problèmes.
Mais je me trompais.
Les plus grands problèmes environnementaux sont l’égoïsme, l’avarice et l’apathie…
…et pour affronter ces problèmes, il nous faut une transformation spirituelle et culturelle.
Et nous les scientifiques, nous ne savons pas faire ça. »
Est-ce que Jésus sait faire ça, lui qui dit qu’il est le pain vivant descendu du ciel ?
Je pense que oui.
Il y a là une grande prétention, c’est sûr. Mais il s’agit de nous ouvrir à une inspiration qui vient d’ailleurs que de nous-mêmes, qui vient de plus grand que nous-mêmes.
Il y a deux sortes de nourriture : les matérielles et les spirituelles. L’unique nourriture spirituelle valable, véritablement vivifiante, c’est la Parole de Dieu. Le pain, nourriture matérielle, fait vivre le corps et entretient la vie biologique. La parole de Dieu, nourriture spirituelle, entretient la vie spirituelle. Un jour la vie biologique cesse, mais la vie spirituelle est éternelle, elle ne cesse jamais.
Jésus et ses interlocuteurs sont tous habitués à ce genre de distinctions. Mais là où son public ne peut pas le suivre c’est quand il prétend être lui-même cette nourriture vivifiante. Il a même ajouté « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel » ; ce qui est très exactement la définition de la Parole de Dieu dans l’Ancien Testament : « L’homme ne vit pas seulement de pain, disait le livre du Deutéronome, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Dt 8, 4).
On devine les questions qui se posent : Comment Jésus peut-il se prendre pour la Parole de Dieu ? Comment ose-t-il prétendre être celui qui apporte la vie éternelle ? Nous connaissons ses parents, Joseph et Marie de Nazareth. Il est un homme comme tout le monde, ni plus ni moins : il ne descend pas du ciel mais de parents bien humains. Se prendrait-il pour Dieu lui-même ?
Cette réaction des auditeurs de Jésus, cette difficulté à le suivre semble être de bon sens. Mais Jésus l’interprète autrement : il y voit un grave refus de croire. Il leur dit : « Ne critiquez pas entre vous. »
Pour des oreilles juives, c’est un reproche sévère : c’est un rappel de ce que l’on pourrait appeler le péché originel d’Israël, les fameux murmures du désert. Les quarante ans de l’Exode dans le Sinaï ont été parsemés de crises de confiance : dès qu’on rencontrait une nouvelle difficulté, la faim, la soif, les serpents venimeux ou les attaques des tribus ennemies, on soupçonnait Moïse et Dieu lui-même de vouloir la mort du peuple. C’est ce qui avait inspiré la phrase célèbre de Moïse : « Depuis le jour où tu es sorti du pays d’Égypte, vous avez été en révolte contre le SEIGNEUR. » (Dt 9,7).
Donc, cette remarque de Jésus « Cessez de critiquer » veut dire faites-moi confiance. Acceptez de vous laisser déposséder de votre bon sens bien humain. Laissez-vous attirer par le Père.
Puis Jésus reprend patiemment, point par point, cette Révélation que ses interlocuteurs ont tant de mal à accepter. Oui, il est la Parole de Dieu ; oui, il est celui qui donne la vie éternelle ; oui il est le Fils de Dieu.
Après la multiplication des pains, les Galiléens l’appelaient le Grand Prophète, mais ils étaient encore bien en-deçà de la réalité ! Il n’est pas un Prophète, fût-il le plus grand, il est la Parole même de Dieu. Il est « le pain vivant descendu du ciel », c’est-à-dire la Parole incarnée, il est celui qui comble la faim spirituelle de l’humanité, il est celui qui donne la vraie vie.
Dans cette offre de la vraie vie, c’est Dieu qui a l’initiative ; mais il ne nous contraint pas, il sollicite notre réponse libre.
Le baptême est rappel et proposition de l’amour de Dieu ; la réponse est libre.
Recevoir Jésus comme le pain vivant descendu du ciel est une réponse proposée à l’égoïsme, l’avarice et l’apathie.
Ma nourriture vient d’ailleurs. Elle n’est pas pour moi seulement. Il y a un ailleurs à l’origine de ma nourriture. Par cet ailleurs même, c’est tout-à-fait normal et légitime qu’elle nourrisse aussi d’autres que moi. C’est un pain à partager qu’il n’y a aucun sens à garder pour soi. Il m’appelle à l’action du partage et de l’attention à l’autre.
Ce pain m’appelle à l’amour pour ce monde auquel j’appartiens et pour tout ce qui en fait partie. Ce pain m’appelle à l’amour pour l’herbe, les arbres, les rochers, les animaux et les humains.
Amen.

Plusieurs éléments sont repris de Marie-Noëlle Thabut

Intercession

Seigneur, nous te prions pour nous,
Tu vois le souci que nous nous faisons pour le monde et pour nous-mêmes.
Viens réveiller nos pensées, nos initiatives et nos actions, pour que nous recevions les forces pour le voyage qui nous attend dans nos vies. Accueille-nous et fortifie-nous.
Nous prions aussi les uns pour les autres.
Seigneur, inscris Gabin et sa famille dans nos mémoires et dans nos prières. Ouvre leur vie et leur attention les uns aux autres et au monde dont ils font partie.
Nous te prions pour les personnes en vacances, qu’elles trouvent repos, ressourcement et énergie.
Nous prions pour les personnes au travail : que la chaleur et la lumière de cet été les encouragent et renouvellent leurs enthousiasmes.
Accompagne nos aînés, à la maison et dans les EMS.
Soutiens la motivation et le plaisir des bénévoles qui mettent leur disponibilité et leurs talents à disposition dans la paroisse, dans les clubs, sociétés et manifestations de la région.
Seigneur, nous te remettons notre monde qui souffre de la guerre, des violences, de l’épuisement des ressources, des catastrophes naturelles et humaines. Nous avons souvent le sentiment d’être dépassés par les événements. Ouvre nos cœurs et nos intelligences pour que nous nous y engagions au service de la vie.
Merci pour celles et ceux qui participent avec courage et motivation au bien, à l’entraide, à la vie. Renouvelle leurs forces et inspire-les.
Seigneur, reçois notre prière et montre-nous toujours que tu es là auprès de nous.
Amen.