Apprendre que nous ne savons pas – prédication des cultes des 14 et 15 juillet 2018

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Culte du 14 et 15 juillet 2018 – Môtiers et Fleurier15edimanche ordinaire

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Salutations et bienvenue

Continuez à vous aimer les uns les autres comme des frères.N’oubliez pas de pratiquer l’hospitalité. En effet, en la pratiquant certains ont accueilli des anges sans le savoir. Hébreux 13,1-2

L’épître aux Hébreux le rappelle : Ouvrir sa porte sans savoir permet aussi d’accueillir des anges.

Ce mois de juillet, les pasteurs de la paroisse ont chacun au moins une occasion de revenir sur les engagements œcuméniques pris par les représentants des différentes Églises du canton de Neuchâtel lors d’une célébration commune le 20 août 2017 à La Rebatte à Chézard-Saint-Martin.

Aujourd’hui nous sommes au milieu de cette série de juillet et je reprends le premier des 5 engagements : Nous, chrétiens du canton de Neuchâtel, nous voulons nous ouvrir à la richesse de nos différentes traditions. Nous voulons surmonter notre ignorance et exprimer notre gratitude envers Dieu.

Invocation

Seigneur, tu es présent chez nous et tu es aussi présent chez les autres.

Ouvre-nous à la générosité de ton accueil qui met l’amour avant tout.

Ouvre-nous au souffle de ta présence qui anime notre courage et notre prière.

Ouvre-nous à la paix que tu promets et que tu offres.

Sois toi-même la Vie de notre culte, de notre prière, de nos vies.

Nous te chantons : Seigneur, rassemble-nous dans la paix de ton amour.

Prière de repentance

Seigneur,

nous voulons te remettre tout ce qui nous encombre et nous empêche de te suivre.

Tu nous appelles à devenir des artisans de ton royaume, et nous sommes préoccupés par nos fausses richesses.

Tu nous appelles à nous mettre en marche à ta suite, et nous sommes retenus par nos peurs et nos habitudes.

Tu nous appelles à oser la vie de l’Évangile, et nous nous enfermons dans nos ténèbres et dans nos morts.

Tu nous appelles à labourer le champ de notre monde, et nous avons la nostalgie d’un passé où tout était mieux.

Seigneur, pardonne-nous et donne-nous ta liberté, ton courage et ta joie pour que nous apprenions, encore et toujours, à devenir des disciples qui marchent à ta suite.

Amen.

Annonce du pardon

Ce n’est pas parce que nous le valons bien que le Seigneur nous accueille. Il connaît nos infidélités, notre indignité, notre orgueil.

Le Seigneur nous aime et nous accueille dans sa présence. C’est de là que vient notre dignité. C’est à la suite du Christ que nous sommes recueillis et redonnés à la vie. C’est de là que vient notre force.

Lecture de la Bible

Romains 9,30-10,4
Marc 6,7-13

Prédication de David Allisson

Nous, chrétiens du canton de Neuchâtel, nous voulons nous ouvrir à la richesse de nos différentes traditions. Nous voulons surmonter notre ignorance et exprimer notre gratitude envers Dieu.

C’est un engagement qui nous paraît ok et tout facile : l’ouverture et l’accueil, cela fait partie de l’amour que Dieu exprime pour les siens. Et nous sommes à Lui. Nous partageons naturellement cette ouverture et la richesse de nos différentes traditions.

Pourtant, il y a bien des endroits où ça frotte. Il y a bien des moments où ça coince !

Aujourd’hui, je crois que nous avons à surmonter notre ignorance sur un point en particulier. Une grande partie de notre ignorance vient en fait de ce que nous croyons connaître et qui nous induit en erreur.

L’ignorance qui nous fait mal, c’est celle de ne pas nous rendre compte que nous ne connaissons pas. Nous voulons tellement connaître que nous croyons connaître même des choses que nous ne connaissons pas !

Cela me fait penser au récit de la création du monde où le tentateur vient sous la forme du serpent et promet la connaissance aux humains s’ils mangent le fruit. Et justement, les humains cèdent à cette tentation de connaître et ils mangent le fruit.

Et voilà que les chrétiens du canton de Neuchâtel prennent l’engagement de surmonter leur ignorance !

Voilà peut-être un élément qui me dit que nous aurons à gagner de mieux savoir que nous ne connaissons pas.

Nous croyons être ouverts et accueillants, mais nous restons timides pour aller à la rencontre de l’autre quand il ou elle vient pour la première fois au culte. Nous savons comment ça marche et nous avons nos repères. Mais comme on vient aujourd’hui de plus en plus rarement à l’église, nos célébrations sont souvent bien exotiques pour les nouveaux venus. Vous qui venez souvent, vous savez comment vous débrouiller avec la feuille de culte et la numérotation des psautiers Alléluia. Mais vous vous souvenez aussi que nous en avons fait un sketch lors de la revue paroissiale au temps où ces psautiers étaient nouveau pour nous : cela a été tout un apprentissage !

Aller à la rencontre et agir avec et pour celle ou celui qui découvre, voilà une ouverture nécessaire et une manière de surmonter une partie de notre ignorance : celle qui nous fait penser que ce que nous vivons est évident et naturel. Non, tout ne coule pas de source : nous avons appris certaines choses, nous avons construit nos habitudes et d’autres peuvent très bien agir autrement et vivre avec la même présence de l’amour de Dieu.

L’apôtre Paul et les Juifs dont il parle nous sont étrangers, lointains. Et pourtant nous pensons les connaître.

Nous pensons que Paul est le – bon – chrétien de la grâce. Il rappelle le salut par la foi et la foi qui rend juste aux yeux de Dieu. Ici nous nous sentons proches de lui et aussi : nous nous sentons justes aux yeux de Dieu.

Peu après, Paul dit que ce qu’il demande à Dieu pour les Juifs, c’est qu’ils soient sauvés. Il ajoute : « Certes, je peux témoigner en leur faveur qu’ils sont pleins de zèle pour Dieu, mais leur zèle n’est pas éclairé par la connaissance. » [Rm 10,1-2]

Je me suis dit en lisant que cela devenait étrange, cet engagement à surmonter notre ignorance. Ici, bien connaître les Juifs permet de relever ce qui leur manque pour aller au salut. Ainsi, quand nous aurons surmonté notre ignorance et que nous connaîtrons mieux les autres confessions, est-ce que nous pourrons souligner ce qui leur manque pour être en bon accord avec le Seigneur ?

Certainement pas !

Nous sommes appelés au partage, pas au jugement, surtout quand il s’agit du jugement qui appartient à Dieu seul.

Nous sommes tous Juifs à la façon décrite dans le texte de l’épître aux Romains : nous cherchons à établir notre propre façon d’être justes. L’individualisme moderne complique encore un peu les choses. Ce n’est plus une façon collective d’être juste que nous vivons, mais nous pensons cela individuellement. Et cela donne ces expressions qui disent : « à chacun sa croyance, moi en tout cas je ne crois pas comme l’Église ».

Comme allons-nous, comme le dit le texte, « nous soumettre à l’œuvre salutaire de Dieu » ?

L’ignorance que nous avons à surmonter n’est pas tellement celle qui consiste à ne pas connaître les autres. L’ignorance que nous avons à surmonter est celle qui nous empêche de nous voir nous-mêmes tels que nous sommes. Et pour l’apôtre Paul, ce n’est pas seulement un malheur ou un accident. C’est une culpabilité ; c’est le péché.

En matière de faire notre salut nous-mêmes, nous sommes tout aussi à côté de la plaque que les autres.

Nous avons besoin de recevoir et reconnaître l’œuvre de Dieu.

Un souffle doit nous venir d’ailleurs.

Un élan doit nous être donné.

Recevoir un étranger chez soi, c’est parfois accueillir un ange sans le savoir. [Hb 13,1-2] Pour accueillir l’étranger, il nous faut accepter ce qu’il apporte comme coutumes et qui ne se passe pas selon nos habitudes. Pour accueillir l’étranger, nous avons aussi à expliquer nos habitudes : ce qui va sans dire chez nous et qui ne se fait pas du tout chez lui : « Tu peux garder tes chaussures pour entrer si tu veux. » « Nous avons l’habitude de prier ou de chanter avant le repas. » « Nous allons prendre le café à côté. Le reste de la table sera débarrassé plus tard. »

Et quand l’invité raconte comment cela se passe chez lui ou que nous y allons à notre tour, nous avons une occasion à saisir : celle d’un regard sur notre manière de vivre qui va nous questionner sur nos évidences.

Et c’est exactement ce qui se passe quand Paul, devenu apôtre, fait la critique des Juifs. Quand il fait cela, il ne fait pas la critique de l’étranger.

C’est bien d’abord une autocritique.

Pour lui, Paul, le Pharisien zélé, le déclic a été de comprendre comment c’est Dieu qui rend les humains justes devant lui et non pas les actions humaines qui réalisent ce que demande la Loi.

Alors quand Paul dit qu’il sait que les Juifs sont pleins de zèle pour Dieu et qu’il leur manque l’éclairage de la connaissance, il parle de lui qui s’est rendu compte par ce qu’il a appris qu’il comptait davantage sur ces propres forces que sur l’œuvre de Dieu en lui.

Si c’était cette connaissance-là que nous pouvions développer comme chrétiens, comme paroisse ou comme EREN, nous aurons fait un pas dans la direction des autres chrétiens, des autres paroisses et des autres Églises pour reconnaître en eux et en elles la Vie de Dieu qui agit pour les personnes et pour le monde.

En ce sens-là nous avons à surmonter notre ignorance. Nous pouvons reconnaître que nous jugeons les pratiques des autres chrétiens et des autres Églises sans savoir comment ce partage pourrait renouveler notre réception de la justice que Dieu offre.

Être touché par l’Évangile, cela incite à changer de comportement. C’est le message des disciples envoyés deux par deux par Jésus : « Les disciples s’en allèrent donc proclamer à tous qu’il fallait changer de comportement. » [Marc 6,12]

Et nous cherchons si souvent à préserver les acquis que nous ne voyons plus la nécessité de ce changement de comportement. Nous ne voyons plus l’importance d’être touchés par la Vie du Seigneur et de tout ce que cela ouvre en nous et pour les autres.

« Ne prenez rien avec vous pour le voyage, sauf un bâton ». [Marc 6,7]

Il s’agit de voyager légers, animés de la grâce de Dieu.

Nous qui savons que la paroisse doit prendre soin de ses biens et de ses locaux, saurons-nous être les envoyés du Christ ?

Nous qui avons chaque week-end 8 temples de plus que le nombre de cultes que nous célébrons, saurons-nous aller à la rencontre des gens et proclamer, guérir et bénir ?

Apprendre à le faire en lien avec le Dieu de vérité marque aussi le lien avec les autres chrétiens, les autres paroisses et les Églises que nous côtoyons.

Nous, chrétiens du canton de Neuchâtel, nous voulons nous ouvrir à la richesse de nos différentes traditions. Nous voulons surmonter notre ignorance et exprimer notre gratitude envers Dieu.

Amen.

Intercession

Dieu éternel, tu n’appartiens à aucune culture ni à aucun pays mais tu es le Seigneur de tous, tu nous demandes d’accueillir l’étranger au milieu de nous.

Par ton Esprit, aide-nous à vivre en frères et sœurs, à rencontrer chacun en ton nom, et à vivre dans la justice de ton Royaume. /

Nous prions pour la paroisse catholique du Val-de-Travers et son avenir au moment du départ du Père Michel. /

Nous prions pour Valéry Gonin, sa nouvelle orientation ministérielle et l’Église du Phare et son nouveau pasteur Nathan Ferrari. /

Prends soin de l’Armée du Salut et de la communauté qui se réunit au poste de Fleurier. Guide et soutiens Jean-Daniel Egger. /

Nous te remettons l’Eglise libre de La Côte-aux-Fées et son pasteur David Höhn. /

Seigneur, nous voulons être des instruments de ta paix. Nous prions pour la paix dans notre monde et entre les peuples. /

Viens aussi à notre aide, que nous puissions être toujours plus conscients de nos manques afin que nous nous tournions vers Toi pour que tu les combles. /

Nous t’en prions, au nom de Jésus Christ. Amen.