Faire « schmoulitz » avec le Saint Esprit!

Culte du 19 mai à Môtiers – veille de Pentecôte

Lectures bibliques et prédication en pdf

1ère lecture biblique: Actes des Apôtres 2, 1‑11 – extraits

Quand arriva le jour de la Pentecôte, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle, parler des merveilles de Dieu ? »

2ème lecture biblique: Evangile selon Jean 15, 26‑27 ; 16, 12‑15

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement.

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

Message

Je commence par un témoignage : accueillir l’Esprit Saint a longtemps été pour moi quelque chose d’énorme, au-dessus de mes forces. Un peu comme si on m’avait demandé : « Prenez donc les commandes de cet avion de ligne, il nous manque le pilote ! » ; ou : « René Prêtre n’est pas disponible ; veuillez donc maintenant le remplacer pour opérer ce prématuré de son problème de cœur » ! Ma réaction, comme dans ces deux cas, était, intérieurement : mais je ne peux pas, je n’y connais rien, c’est trop pour moi !

Et puis j’ai découvert que je pouvais parler à Dieu comme à un Père aimant : en disant le Notre Père, mais aussi dans ma pensée et dans d’autres prières. Il était quelqu’un de vivant pour moi malgré tout son mystère. J’ai aussi pu parler à Jésus comme à un frère, tellement il insiste pour nous montrer sa proximité. J’y ai été aidé par frère Roger, de Taizé, qui priait avec une familiarité contagieuse : « Toi le Christ,… » commençant son texte comme on entre dans un dialogue entre intimes ! Et enfin, je suis en train de découvrir que je peux aussi parler à l’Esprit Saint de la même façon, avec la même confiance familiale. Il est aussi quelqu’un de vivant, un souffle, un consolateur, un défenseur, bref nous sommes de famille avec lui pareillement qu’avec Jésus et Dieu notre Père.

J’aimerais souligner trois expressions de notre lecture de l’Evangile :

– Dans les paroles de Jésus que nous avons entendues, le Saint Esprit est décrit comme un Défenseur ; un Défenseur. Cela vient du fait que Jésus vient de parler à ses disciples de la haine que le monde nous porte, comme elle la porte pour Jésus et Dieu. C’est l’affrontement inévitable entre la révélation divine et le monde – dans ce qu’il a d’hostile à toute bonne nouvelle venant l’interpeler ; c’est l’affrontement inévitable entre les ténèbres et la lumière. Jésus est allé jusqu’à donner sa vie pour montrer que l’amour vainc la haine et la mort ; nous qui sommes de sa famille, nous avons à porter ce même témoignage, et il peut nous coûter de l’opposition, des ricanements voire davantage. Mais dans toutes nos situations, le Saint-Esprit est notre Défenseur, il nous aidera comme Jésus a été aidé. Il sera cette présence de Jésus promise : « Je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».

– « L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière » : ce rôle de guide n’est pas seulement pour nous rappeler les paroles et la vie de Jésus, comme un aide-mémoire. C’est un guide actif sur notre chemin de vie qui nous dévoile, au fur et à mesure que nous avançons, en quoi ce que Jésus nous a apporté est utile et vital pour notre existence et notre action. L’Esprit Saint actualise toujours à nouveau ce que Jésus apporta, et cette nourriture est comme une manne qui suffit pleinement pour chaque aujourd’hui qu’il nous est donné de vivre. Le Saint Esprit nous parle de ce qu’il a entendu ; il est un interprète  actuel d’une vérité et d’un amour qui passent le temps et l’espace. Il nous dit en quoi la révélation de Jésus est un pouvoir de sens et de vie pour le temps qui s’ouvre devant nous.

– Enfin, j’aime cette citation : « Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement ». Depuis le commencement. Ces mots résonnent en moi et me bouleversent, car ils me rappellent le début de cet Evangile de Jean : « Au commencement était la Parole et la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu. » Jésus est cette Parole qui a existé depuis le commencement, dans une communion avec Dieu. Il est venu habiter parmi nous, devenant pleinement « Emmanuël, Dieu avec nous ». Et là, Jésus nous inclut dans cette communion : « Vous êtes avec moi depuis le commencement ». Bien sûr, à première vue, cela signifie qu’il dit à ses disciples qu’ils étaient avec lui dès le début de son ministère. C’est plus logique, raisonnable. Mais… je peux et je veux aussi relier ce commencement de notre présence avec Jésus au commencement de son existence. Présents en espérance, présents dans cet amour infini qui est Dieu et ne demande qu’à se communiquer.

Je le dis parfois : par le baptême, nous avons deux pères : celui qui a contribué à notre venue au monde – et bien plus par la suite !; et Dieu, qui nous a été donné au baptême. Mais si l’on y réfléchit, lequel de ces deux pères aime notre venue au monde depuis le plus longtemps ? Je réponds sans hésiter pour ma part que c’est Dieu. Pour le dire avec cette phrase d’enfant : « Avant ma naissance, j’étais dans la pensée de Dieu (dans son cœur). »

Revenons au présent, et à ce présent – cadeau que Jésus nous fait : « Vous allez rendre témoignage à votre tour, puisque vous êtes avec moi depuis le commencement ». Aimés par Dieu depuis le commencement des temps, aimés par Jésus comme il nous le montre dans les Evangiles, aimés par le Saint Esprit qui nous défend, nous console, nous guide et nous inspire, comment ne pourrions-nous pas être les témoins de ce Dieu trois fois saint, infini de tendresse et de pardon, contagieux de paix et de libération, d’abord pour nous puis pour le monde ?

Osons comme « faire schmoulitz » avec le Saint Esprit dans notre pensée, notre prière, et lui dire : « Toi, Saint Esprit, deviens mon souffle de vie, ma respiration vitale ». À notre demande il ne peut pas ne pas nous répondre.   Amen