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Lecture de la Bible
Prédication de David Allisson
« C’est la troisième fois que Jésus se montre aux disciples depuis qu’il s’est réveillé de la mort. » (Jn 21,14)
Les disciples se sont relevés petit à petit du désespoir causé par la mort de Jésus. Ils avaient mis tellement d’attentes en lui que sa disparition avait été insupportable. Sont-ils retournés à leur métier comme Pierre à la pêche pour se changer les idées et retrouver les habitudes d’une époque qu’ils avaient un moment crue être dépassée pour de bon ? Ou bien attendent-ils dans ce quotidien la manifestation du Christ ressuscité ? On ne peut pas répondre à ces questions. Peut-être qu’ils sont simplement retournés à leur gagne-pain et qu’il n’y a pas grand-chose de plus à chercher dans cette activité.
Mais pour eux comme pour nous, la présence vivante de Dieu en Christ n’est pas une belle histoire du passé. C’est bien plus que cela. C’est une rencontre qui se renouvelle de jour en jour ou de proche en proche.
Cette manifestation de Jésus, du crucifié ressuscité, est appelée à se reproduire et à stimuler la confiance des croyants bien au-delà des disciples qui se trouvaient sur le bateau de pêche cette nuit-là.
Lors de cette rencontre, les disciples et Jésus mangent ensemble. Ils viennent de le reconnaître et Jésus fait le geste qui le dévoile dans plusieurs récits d’Évangile : il partage le pain. C’est un moment qui ressemble à notre communion de la Sainte Cène. On ne peut pas être sûr que le texte fait explicitement référence à ce repas liturgique, mais en même temps, c’est impossible de ne pas y penser.
Dans le moment où Jésus affirme et démontre sa présence, il y a quasiment toujours un geste, des paroles, qui évoquent la Sainte Cène. Pour nous, c’est aussi un rappel et un signe de la présence du crucifié ressuscité dans notre propre quotidien de vie communautaire. Dans ce partage, Jésus est présent. Dans ce partage, Dieu affirme sa présence de vie.
Dans l’évangile de Jean plus particulièrement, Jésus affirme plusieurs fois qu’il est l’eau vive, le pain de vie, et que l’adoration de Dieu ne se fait plus en fonction d’un lieu privilégié, mais dans la manière d’être attentif à Dieu. Il le dit tout particulièrement à la Samaritaine au chapitre quatre de l’évangile de Jean : « Le moment arrive, et c’est maintenant, où Dieu donne son Esprit. Alors ceux qui adorent vraiment le Père vont l’adorer avec l’aide de l’Esprit Saint et comme le Fils l’a montré. Oui, le Père cherche des gens qui l’adorent de cette façon. Ils doivent l’adorer avec l’aide de l’Esprit Saint et comme le Fils l’a montré. » (Jn 4,23-24)
C’est un miracle que de vivre une rencontre avec le Christ à la manière des disciples de ce texte. Ils sont peu nombreux ceux qui ont mastiqué du poisson avec le ressuscité !
Et pourtant, nous l’avons tous fait ! Dans nos repas communautaires, dans le partage et la communion, le Christ est présent de cette manière particulière et matérielle qui transforme ces moments en autant de miracles. Dans ces moments-là, le miracle, c’est ce qui rend perceptible la présence de Dieu à tel point qu’on peut le toucher.
C’est aussi une spécialité de l’évangile de Jean que d’appeler les miracles de Jésus des signes. Ces miracles et ces actes extraordinaires ne s’imposent pas comme des preuves que Jésus est le Fils de Dieu. Ces miracles ne sont pas en eux-mêmes la manifestation de toute la puissance de Dieu ou de tout son pouvoir.
Ces miracles peuvent être appelés signes parce qu’ils sont comme des miroirs qui reflètent la présence de Dieu ou comme des panneaux indicateurs qui nous montrent la direction à suivre pour le chercher.
Dans ce sens-là, notre vie est pleine de miracles. Il y a à tout moment des signes et des clins d’œil de Dieu qui nous rappellent sa présence ou qui nous aident à le chercher du bon côté. Un peu à la manière dont on aide les enfants qui cherchent les œufs à Pâques en leur indiquant si l’endroit vers lequel ils vont est froid ou chaud.
Un commentateur de ce texte affirmait que si les disciples ne reconnaissaient pas Jésus tout d’abord, c’est parce qu’ils manquaient de foi. Ce n’est pas la nuit qui les empêche de reconnaître Jésus, mais le manque de foi. Et c’est peut-être bien le plus grand miracle qu’il y a dans ce récit : celui qui accorde aux disciples le regard qui leur permettra de reconnaître Jésus !
« C’est le Seigneur ! » (Jn 21,7)
Tout d’un coup, le disciple que Jésus aimait reconnaît le ressuscité. Pour lui, c’est les poissons qui se sont comme précipités dans le filet qui sont le signe, le miracle qui lui permet de reconnaître Jésus.
La foi, il l’a cherchée : il a accepté de lancer le filet de l’autre côté de la barque malgré les essais infructueux de toute la nuit.
La foi, il l’a reçue comme un cadeau : comment est-ce possible que tous ces poissons se soient trouvé là tout d’un coup ? C’est bien un événement miraculeux ou en tout cas extraordinaire qui vient de se passer.
Pour lui, cela suffit. C’est comme un miracle. Pour un autre, cette pêche n’aurait peut-être été rien de plus qu’étonnante, surprenante.
Je trouve remarquable, en lisant ce texte, de voir que la foi n’a finalement pas été plus facile pour ces témoins directs qu’elle ne l’est pour nous aujourd’hui. Il reste toujours à faire le saut de la confiance. Et ce qui est un miracle pour l’un, c’est-à-dire un signe de la présence vivante de Dieu, pour l’autre cela peut rester une simple coïncidence ou un concours de circonstance favorable.
Comme Jésus a été contesté tout au long de son ministère, notre foi est contestable. Et si elle est contestable, elle peut aussi à l’inverse être construite et renforcée. Pour cela, elle doit être vécue dans le quotidien de nos existences.
Quand nous parlons avec d’autres des signes et des miracles que nous vivons même dans la simplicité de notre vie quotidienne, nous consolidons notre foi. Nous sommes alors invités à faire attention aux signes des autres, nous pouvons leur montrer nos signes. Et dans cet échange et de ce qui en sortira, nous rendons témoignage au Dieu de la vie et à Jésus crucifié et ressuscité.
Cette rencontre au bord du lac de Tibériade est décrite comme la troisième fois que Jésus s’est manifesté à ses disciples depuis qu’il s’était relevé d’entre les morts. Cette manifestation du Christ debout, vivant, ressuscité est appelée à se renouveler et à se répéter.
Dans notre vie de tous les jours, il y a tout le temps des occasions de s’étonner ou de s’émerveiller. Apprenons à reconnaître ces moments comme des signes de la présence du crucifié ressuscité dans notre monde. Si nous vivons l’époque où les adorateurs adorent le Seigneur en esprit et en vérité, avec l’aide de l’Esprit Saint et comme le Fils l’a montré, alors ne soyons pas timides. Vivons cette adoration à la manière des disciples de cette fin de l’évangile de Jean : c’est autour du repas, dans le partage des poissons grillés et du pain qu’ils vivent et témoignent de leur relation au Christ ressuscité.
Nous aussi, nous sommes invités au repas que le Christ nous prépare. Nous vivons la présence de Dieu et le réconfort de son amour dans la convivialité que nous sommes appelés à avoir ensemble. Que cette convivialité commence dans la communauté des croyants et s’ouvre toujours plus largement à toutes celles et tous ceux qui en ont besoin !
Le Christ est ressuscité !
Il est vraiment ressuscité !
Amen.