1, 2, 3, 4 Miracles

Message du 1er septembre 2024, Fleurier

Prière d’illumination

Seigneur,

Nous sommes venus ce matin pour écouter ta Parole… que nous puissions l’entendre !

Nous sommes venus pour goûter tes enseignements… que nous puissions les digérer !

Seigneur,

Nous sommes venus pour nous abreuver à ta vie… que nous puissions nous désaltérer !

Merci, Seigneur, pour TA Parole. Amen

Lecture biblique : Esaïe 35, 4-7a

4 Dites à ceux qui perdent courage :
« Ressaisissez-vous, n’ayez pas peur, voici votre Dieu. 
Il vient vous venger et rendre à vos ennemis 
le mal qu’ils vous ont fait, il vient lui-même vous sauver. » 

5 Alors les aveugles verront, et les sourds entendront. 
6 Alors les boiteux bondiront comme les cerfs 
et les muets exprimeront leur joie. 

Car de l’eau jaillira dans le désert, 
des torrents ruisselleront dans le pays sec. 
7 Le sable brûlant se changera en étang, 
et le pays de la soif en région de sources. 

Lecture biblique : Marc 7, 31-37 

31 Jésus quitta le territoire de Tyr, et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le pays de la Décapole.

32 On lui amena un sourd, qui avait de la difficulté à parler, et on le pria de lui imposer les mains.

33 Il le prit à part loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et lui toucha la langue avec sa propre salive ;

34 puis, levant les yeux au ciel, il soupira, et dit : Éphphatha, c’est-à-dire, ouvre-toi.

35 Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia, et il parla très bien.

36 Jésus leur recommanda de n’en parler à personne ; mais plus il le leur recommanda, plus ils le publièrent.

37 Ils étaient dans le plus grand étonnement, et disaient : Il fait tout à merveille ; même il fait entendre les sourds, et parler les muets.

Message

Nous venons d’entendre 2 textes qui disent à peu près la même chose : là où Dieu passe, des humains reçoivent la vie en abondance, ils sont guéris.

Le scénario est le même, mais le film est vraiment différent :

  • Pour Esaïe, on est à Hollywood : la prophétie annonce un Messie qui arrivera dans un fracas de son et lumière, tous les éléments l’accueilleront et sur son passage, les boiteux danseront, les sourds entendront, les muets crieront leur joie.
  • Rien de tel dans l’Evangile de Marc : Jésus se fait amener le malade, il le prend à part, on assiste à une scène privée, intime. Pas d’effets spéciaux, à par les gestes peu ragoûtants de Jésus.

Alors pourquoi Marc fait-il le lien avec la prophétie d’Esaïe tout en changeant le film ?

Il y une première explication théologique : L’évangéliste Marc est connu pour son procédé littéraire qui consiste à faire découvrir progressivement à ses lecteurs la nature messianique du Christ. En jargon théologique on appelle cela le « secret messianique ».

Marc ne veut pas voir en Jésus seulement un guérisseur, mais un Sauveur. Par-contre, il veut que cette connaissance soit révélée petit à petit. C’est pour cette raison que le silence de la foule sur le miracle est exigé par Jésus.

Je vois une deuxième raison à ce rapprochement des 2 textes. Mais elle est plutôt de l’ordre de l’hypothèse !

Dans Esaïe, il est question de beaucoup de miracles. Dans Marc, on pourrait dire qu’il n’y a qu’un miracle.

Je me suis surprise à compter les miracles du récit de Marc. J’en ai décelé 4 !

Le premier miracle : le malade est amené par des gens.

Dans un monde où la maladie était signe d’impureté, le fait que des gens confient ce sourd-muet à Jésus est pour moi un signe de confiance, de foi, une forme de prière magnifique.

Je vois aussi dans ce geste la notion très humble de « savoir demander de l’aide » quand on est dépassé par les événements et écrasé par les difficultés.

Le deuxième miracle : patience de Jésus

Tout au long de l’Evangile de Marc, il est question de l’incompréhension et de la lenteur à comprendre des disciples.

Leurs handicaps à la reconnaissance du Christ sont tenaces et exigent patience et persévérance chez Jésus.

Ne sont-ils pas eux aussi un peu sourds et muets ?

Sourds à entendre la Parole de Vie annoncée par Jésus…

Muets pour la proclamer ?

Ce n’est que bien plus tard qu’ils seront guéris, mais dans cet épisode, ils ajoutent une expérience à leur vécu, ils s’imprègnent de ce miracle, ils ouvrent petit à petit leurs oreilles, leurs yeux et leur cœur pour, plus tard, ouvrir leurs bouches.

Alors oui, je vois là un miracle, celui de la bienveillance, de la patience et la confiance de Jésus.

Le troisième miracle : nous pouvons être guéris

Les disciples de ces versets sont-ils les seuls à devoir s’engager sur un chemin de guérison ?

Disciples, nous le sommes aussi, et l’appel à ouvrir les yeux, les oreilles, et à laisser nos langues se délier pour témoigner de la Bonne Nouvelle, retentit pour chacun et chacune de nous.

Car même si nous sommes au bénéfice de ce Dieu et de ce frère qui se penchent vers nous, nos oreilles ne sont jamais, une fois pour toutes, prêtes à entendre la Parole.

Et, même si nous sommes plus bavards que mutiques (Matthieu 6,7 : « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés »), nous devons sans cesse nous rappeler de dire notre confiance et notre espérance en Dieu.

« Effata, ce qui signifie « ouvre toi »… c’est pour nous aussi

Comme pour le sourd-muet de notre texte, Jésus patiemment nous met et nous remet à part pour nous rencontrer, nous toucher et nous guérir de nos manques de confiance, de parole, et d’écoute.

Le quatrième miracle : le Effata de Jésus

Pour comprendre ce 4ème miracle, je me dois de vous fournir quelques précisions géographiques un peu rébarbatives, mais qui ont leur importance dans le contexte.

Dans tout l’Evangile, Jésus ne cesse de passer et repasser les frontières entre le monde des juifs et des païens : Tyr, Sidon et de la Décapole (7,31), et d’une rive à l’autre de la mer de Galilée.

 Juste avant l’épisode que nous avons lu, il y a le récit de la rencontre avec la femme syro-phénicienne (païenne).

Or, en ce territoire païen, Jésus semble, tel un bon pharisien, s’être particulièrement débattu avec la tradition et la pureté.

Remontons de quelques versets pour retrouver ses paroles si dures à la femme syro phénicienne : « […] car ce n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens » (7, v.27).

Nous le savons, de cet échange avec cette femme, Jésus sortira converti, prêt à élargir sa mission et son amour aux dimension du monde entier et pas seulement du monde juif.

Et on voit les fruits de cette conversion dans le récit du sourd -bègue : en effet, cette rencontre en territoire païen ne pose pas de question à Jésus concernant l’origine de cet homme.

Jésus est guéri de ces questionnements initiaux pour embrasser pleinement et avec l’aide de Dieu (v. 34) sa mission universelle.

Oui, c’est cela le 4ème miracle : Jésus aussi a dû passer par le Effata « ouvre-toi » !

Et cela me soulage tellement de réaliser la fragilité et l’humanité de Jésus !

Vous voyez probablement bien d’autres miracles dans ce texte, et c’est cela qui est miraculeux !

Jésus nous rejoint de 1000 et 1 façons, dans nos souffrances et nos solitudes, dans nos joies et nos succès. Et il nous invite à nous ouvrir à cette présence.

Alors oui ! Laissons-nous ouvrir : à ce Dieu qui nous aime, aux autres et à nous-mêmes.

Laissons agir cet « Effata » aujourd’hui, demain.

Amen