{"id":6753,"date":"2024-06-28T10:47:21","date_gmt":"2024-06-28T08:47:21","guid":{"rendered":"https:\/\/www.eren.ch\/neuchatel\/?p=6753"},"modified":"2024-06-28T10:59:39","modified_gmt":"2024-06-28T08:59:39","slug":"nous-ne-pouvons-rien-sans-dieu","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.eren.ch\/neuchatel\/nous-ne-pouvons-rien-sans-dieu\/","title":{"rendered":"Nous ne pouvons rien sans Dieu. Dieu ne veut rien sans nous"},"content":{"rendered":"\n

Pr\u00e9dication de Micha Weiss le 23 juin 2024<\/p>\n\n\n\n

End of History ? \u00c7a y est, on y est !<\/strong><\/p>\n\n\n\n

\u00c7a y est, nous y sommes ! Encore et encore, nous avons l\u2019impression d\u2019avoir atteint le sommet \u2013 de notre civilisation, de la paix, de la d\u00e9mocratie, de l\u2019humanit\u00e9. Mais encore et encore, les vagues de la d\u00e9sillusion frappent la coque de notre bateau. Les images de ruines, de lieux d\u00e9vast\u00e9s et de terres de d\u00e9combres d\u00e9filent devant nos yeux. Et qui dit lieux d\u00e9vast\u00e9s dit aussi vies d\u00e9vast\u00e9es \u2013 des familles, des enfants, des femmes et des hommes.<\/p>\n\n\n\n

Nous sommes constamment submerg\u00e9s par des vagues de nouvelles, des situations plus ou moins proches qui nous touchent de plus ou moins pr\u00e8s : les conflits en Ukraine et dans la bande de Gaza, les conflits moins m\u00e9diatis\u00e9s au Soudan ou au Congo ; le foss\u00e9 politique grandissant entre gauche et droite ; la mont\u00e9e de l\u2019extr\u00eame droite en Europe et en France ; les r\u00e9fugi\u00e9s pouss\u00e9s sur le chemin de l\u2019exil qui \u00e9chouent sur nos rivages ; ou encore les sir\u00e8nes d\u2019alarme de plus en plus stridentes face au changement climatique.<\/p>\n\n\n\n

Face \u00e0 toutes ces vagues, comment r\u00e9agir de mani\u00e8re juste, \u00e9quilibr\u00e9, empathique ? Ni de fa\u00e7on r\u00e9actionnaire ni d\u00e9sengag\u00e9e ? \u00c0 quel r\u00f4le Dieu nous appelle-t-il en tant que chr\u00e9tienne ou chr\u00e9tien ? Que l\u2019on ait 27, 42, 58 ou 83 ans ?<\/p>\n\n\n\n

Quand la mort s\u2019invite<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Mais ce ne sont pas uniquement les situations mondiales qui provoquent des vagues. Nos vies ne sont pas des longs fleuves tranquilles non plus. Nous ne sommes pas \u00e9pargn\u00e9s par les vagues dans notre quotidien \u2013 dans nos relations, nos familles, sur nos lieux de travail et d\u2019engagement, et m\u00eame au sein de l\u2019\u00c9glise.<\/p>\n\n\n\n

Finalement, il existe une vague \u00e0 laquelle personne n\u2019\u00e9chappe, peu importe le mod\u00e8le de bateau \u2013 sa vitesse, sa stabilit\u00e9, et son syst\u00e8me d\u2019\u00e9vacuation d\u2019eau. Et plus nous tentons de la fuir, plus elle nous frappe violemment quand elle finit par nous rattraper.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Nous allons mourir, cela ne te fais rien ? \u00bb Cette question des disciples r\u00e9sonne \u00e0 chaque annonce de d\u00e9c\u00e8s, surtout quand la perte survient rapidement ou trop t\u00f4t. \u00c0 une semaine d\u2019intervalle, une connaissance m\u2019a appris qu\u2019un membre de sa famille avait perdu une fille \u00e2g\u00e9e d\u2019un an et deux mois. Et une autre connaissance m\u2019a fait part du d\u00e9c\u00e8s d\u2019une m\u00e8re de 38 ans qui laisse derri\u00e8re elle un gar\u00e7on du m\u00eame \u00e2ge. \u00ab Aucun parent ne devrait avoir \u00e0 enterrer son enfant \u00bb, mais aussi aucun enfant ne devrait avoir \u00e0 grandir sans son parent. Toutes deux sont d\u00e9c\u00e9d\u00e9es malgr\u00e9 la s\u00e9curit\u00e9 et le syst\u00e8me de sant\u00e9 dont nous b\u00e9n\u00e9ficions. Est-ce que cela ne fait rien \u00e0 Dieu ?<\/p>\n\n\n\n

Dieu est mort, c\u2019est nous qui l\u2019avons tu\u00e9<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Il y a cette c\u00e9l\u00e8bre citation de Friedrich Nietzsche que tout le monde conna\u00eet : \u00ab Dieu est mort \u00bb. Mais la suite est moins connue. \u00ab Dieu est mort \u00bb , dit Nietzsche, \u00ab Et c’est nous qui l’avons tu\u00e9 ! […] Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacr\u00e9s serons-nous forc\u00e9s d’inventer ? […] Ne sommes-nous pas forc\u00e9s de devenir nous-m\u00eames des dieux simplement \u2013 ne f\u00fbt-ce que pour para\u00eetre dignes d’eux ? \u00bb (Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir<\/em>, 3\u00e8me<\/sup> livre, 125)<\/p>\n\n\n\n

Le mythe de la cr\u00e9ation en Gn 1 \u2013 de ce Dieu qui a fa\u00e7onn\u00e9 l\u2019univers avec son souffle ; la Terre et tous ses habitants, dont l\u2019\u00eatre humain comme porteur de son image \u2013 a \u00e9t\u00e9 remplac\u00e9 par le mythe de l\u2019\u00eatre humain qui se cr\u00e9e lui-m\u00eame, qui se construit par ses propres forces. \u00ab The Godmade man<\/em> \u00bb, l\u2019homme cr\u00e9\u00e9 par Dieu, est remplac\u00e9 par \u00ab the selfmade man<\/em> \u00bb, l\u2019homme qui autocr\u00e9\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Nous allons mourir, cela ne te fais rien ? \u00bb C\u2019est une question qui r\u00e9sonne avec toutes<\/em> les vagues qui nous assaillent. Je crois que si ces moments de temp\u00eate, de chaos et de mort nous d\u00e9stabilisent autant aujourd\u2019hui, dans le monde et dans nos propres vies, c\u2019est parce qu\u2019elles nous rappellent notre condition humaine \u2013 nos limites, notre fragilit\u00e9, nos brisures et la perspective de notre mort. Nous sommes confront\u00e9s au sentiment d\u2019impuissance que nous ha\u00efssons, parce qu\u2019il secoue et d\u00e9construit ce mythe du \u00ab selfmade man<\/em> \u00bb ancr\u00e9 en nous : qu\u2019est-ce que je peux faire par mes propres forces, avec mes propres moyens ? Affreusement peu. Face aux vagues, ce que je peux faire est terriblement limit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

S\u2019ouvrir \u00e0 Dieu<\/strong><\/p>\n\n\n\n

\u00ab Nous allons mourir, cela ne te fais rien ? \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Quelle que soit la technologie et la solidit\u00e9 de notre bateau, les vagues nous rattrapent. Et comme r\u00e9flexe naturel, nous sommes saisis d\u2019un \u00e9lan de nous adresser \u00e0 un \u00ab Tu \u00bb. Un \u00ab Tu \u00bb qui nous d\u00e9passe, un \u00ab Tu \u00bb diff\u00e9rent de nous, un \u00ab Tu \u00bb que nous croyons capable d\u2019ordonner au vent et aux vagues de se taire. Nous d\u00e9couvrons que ce \u00ab Tu \u00bb vers lequel nous nous tournons instinctivement n\u2019est pas le m\u00eame que le dieu banal, domestiqu\u00e9, pr\u00e9dictible de Nietzsche, dont la mort n\u2019est finalement pas une si mauvaise chose. Ce \u00ab Tu \u00bb \u00e0 qui nous nous adressons instinctivement est le Dieu \u00ab Tout Autre \u00bb que je ne peux pas r\u00e9duire \u00e0 un objet, et qui se d\u00e9robe aux \u00e9tiquettes, aux explications et aux dogmes.<\/p>\n\n\n\n

Dans nos deux textes, ce \u00ab Tu \u00bb est adress\u00e9 directement :<\/p>\n\n\n\n