La première parole du Christ dans l’évangile de Jean est celle-ci :
« Que cherchez-vous ? »
Cette question est pareille que la septième parole de l’évangile, elle suit en effet les six annonces de Jean Baptiste. – Voici celui dont j’ai dit : Celui qui vient après moi est passé devant moi, parce qu’avant moi Il était 27. Une seconde fois : Je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure 28. La troisième : Moi, je baptise dans l’eau ; au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas 29. La quatrième : Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde. La cinquième : J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe, et Il est demeuré sur Lui (…). C’est Lui le Fils de Dieu 31. La sixième, lorsqu’il dit de nouveau : Voici l’Agneau de Dieu 32. Désormais le Christ ne se fait plus
annoncé, il parle lui-même et il interroge ceux qui vont peut-être le suivre.
« Que cherchez-vous ? » : Une question qui raisonne à travers tout l’évangile de Jean. Dans le jardin de Gethsémani, à l’autre extrême de sa vie publique, Jésus demandera à ceux qui sont venus l’arrêter : Qui cherchez-vous ? Et après la résurrection se sont les anges qui reprennent la question et la posent aux femmes : Qui cherchez-vous ?
Jean Baptiste avait déjà créé ce lien entre le début et la fin de la vie de Jésus en disant : Voici l’Agneau de Dieu. Il avait par-là déjà parlé de la croix et annoncé le sacrifice de cet homme qui nous vaut la purification. « Agneau de Dieu » annonce la mort de l’innocent, son sacrifice pour le pardon des péchés. La croix est donc présente comme un arrière-fond de ce texte, la mort est là. Et ce n’est pas un hasard parce que la mort bien souvent nous met face aux grandes questions qui sont traitées dans ce texte : Il y en a deux principales : celle
de Jésus : Que cherchez-vous ? et celle des disciples : Où demeures-tu ? Où habite celui qui nous sauve ? Où habite Dieu ?
De grandes questions qui ont mis en route les disciples et qui encore aujourd’hui se pose dans la vie de chaque être humain. Le dialogue entre Jésus et les disciples est vivant, on y ressent cette passion propre aux grandes discussions, cette passion des discussions sur Dieu, le monde et notre propre identité, qui peuvent prendre toute une nuit. Il est marquant que lorsque l’évangéliste raconte cette rencontre, il le fait presque en araméen sur quatre
phrases, il utilise trois fois un mot araméen et le traduit : Rabbi qui signifie Maître, Messie qui signifie Christ, c’est-à dire celui qui est oint et Kephas qui signifie Pierre.
Dans un film on mettrait la discussion en araméen avec des sous-titres.
Pour les disciples, les questions ne restent pas simplement les grandes questions de la vie que l’on se pose de temps en temps et qui nous donne un frisson existentiel, ce petit rappel que nous sommes en vie et que ces questions nous accompagnent, non elles trouvent dans ce bref échange une réponse. André répond à la question de Jésus par trois éléments : Le premier est celui qui l’a mis en route : La promesse d’être face à l’Agneau de Dieu. La deuxième réponse se trouve dans le titre qu’il donne à Jésus : Rabbi. Et la troisième est la
plus évidente, puisqu’il dit à son frère : Nous avons trouvé le messie. Voilà la réponse à « Que cherchez-vous » : nous avons trouvé l’Agneau de Dieu, un rabbi et le messie.
Celui qui cherche l’Agneau de Dieu, cherche le salut, la libération du péché et surtout la purification.
Celui qui cherche un rabbi chez qui demeurer, cherche un maître à qui poser des questions, donc il cherche la sagesse et la vérité.
Celui qui cherche le messie, cherche celui qui est oint : le roi donc la justice et le Prêtre donc la sainteté.
Ce bref échange montre donc que lorsque nous cherchons le bien (le salut, la vérité, la justice ou la sainteté), nous cherchons le Christ, que nous en soyons conscients ou non. La recherche du bien pousse l’être humain sur le chemin de la vie et à la rencontre de Dieu.
Puis vient la deuxième question : Où demeures-tu ? Où est notre sauveur lorsque nous semblons perdus ? Où est Dieu dans nos souffrances ?
Cette deuxième question centrale trouve une double réponse, dans le « suis-moi » et dans le nouveau nom que Jésus donne à Pierre. La réponse n’est pas un lieu précis mais une relation. On ne peut pas dire : Voilà c’est là qu’habite Dieu, je le sais et je le maitrise. Dans la foi, nous sommes obligés de nous mettre en route et d’accepter que pour trouver Dieu nous devons nous mettre en route et sortir de nos vies. Parce que sur ce chemin nous attend une réponse encore plus fondamentale : lorsque nous le suivons, Jésus nous donne une mission, c’est à dire un but dans la vie. À Simon, il donne le rôle d’être la pierre et à chacun
de nous, il donne aussi un nom et une mission, mais pour la connaître nous devons nous mettre en route sur les chemins poussiéreux de ceux et celles qui cherchent Dieu et qui avancent dans les déserts avec la confiance comme seule lumière. Amen.
Florian Schubert, Pasteur