Le contre-pouvoir de la joie

Méditorial de Christine Hahn sur Luc 6,20-26
Paru dans La Pive 138

La complexité de notre monde nous échappe de plus en plus. Nous comprenons de moins en moins les stratégies politiques, économiques, militaires de nos dirigeants. Ces dernières années le développement de l’informatique, l’utilisation d’algorithmes complexes et l’arrivée de l’intelligence artificielle transforment nos vies. Nous voyons les possibilités des nouvelles technologies et nous en percevons les dangers. Face à tous ces changements il nous appartient de réagir. Nous pouvons nous résigner ou nous former, succomber aux réponses faciles ou nous informer. Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas le pouvoir à notre niveau de modifier la politique ou l’économie mondiale.

L’enseignement de Jésus propose à ceux qui le suivent un contre-pouvoir :

20 « Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous ! 21 Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés ! Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez ! 22 Heureux serez-vous lorsque les hommes vous détesteront, lorsqu’ils vous chasseront, vous insulteront et vous rejetteront comme des êtres infâmes à cause du Fils de l’homme ! 23 Réjouissez-vous, ce jour-là, et sautez de joie, parce que votre récompense sera grande dans le ciel. En effet, c’est de la même manière que leurs ancêtres traitaient les prophètes.

24  Mais malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation ! 25 Malheur à vous qui êtes comblés [maintenant], car vous aurez faim ! Malheur à vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et dans les larmes ! 26 Malheur lorsque tous les hommes diront du bien de vous, car c’est de la même manière que leurs ancêtres traitaient les prétendus prophètes !

Jésus encourage les croyants et l’Eglise à vivre de manière prophétique. Il ne s’agit pas de pointer du doigt les riches ou ceux qui paraissent heureux, mais plutôt de vivre en témoins de la joie. Les béatitudes nous rappellent les réalités de la vie : la pauvreté, la faim, la tristesse, nos limites. Nous ne voulons pas nous complaire dans notre faiblesse, mais nous voulons la reconnaître et aspirer à une vie riche et pleine de sens. C’est pourquoi, le croyant comme l’Eglise choisit de s’appuyer sur le Christ et se laisser transformer par lui. Ce changement passe par l’apprentissage de la joie. La joie dans le contentement de ce qui nous appartient déjà. La joie de rencontrer l’autre et rencontrer Dieu. La joie de prendre conscience de l’amour infini de notre Seigneur. La joie de se savoir pardonné. La joie de reconnaître la présence du Christ au milieu de nos ténèbres les plus sombres. Nous ne voulons nous appuyer ni sur nos richesses, ni sur nos acquis, mais toujours porter notre attention au Christ qui nous donne la vie.

Avec cette joie inscrite au plus profond de notre être, nous pouvons faire face à l’opposition, au mépris, à l’ignorance de notre entourage. Mais c’est bien notre témoignage joyeux de la foi qui suscitera un intérêt, un questionnement chez ceux qui nous ignorent, par choix ou par méconnaissance.

Dans la complexité de notre monde, ni le chrétien ni l’Eglise, n’ont la possibilité d’imposer leur point de vue. Mais notre parole et notre façon de vivre invite d’autres à participer à cette joie. C’est ainsi que nous apportons un contre-pouvoir dans notre société.