Art, Actualité, Apocalypse

Une fois n’est pas coutume, le médito de la pive ne portera pas sur un passage biblique ou un verset, mais il sera le reflet d’une semaine de formation que nous avons passé ensemble, Stéphanie et moi-même, sur le livre de l’Apocalypse à Angers au début du mois de septembre. Pourquoi Angers ? Parce que c’est là que se trouve la plus grande tapisserie jamais tissée en Europe (et sans doute dans le monde), d’une longueur de 140 mètres et d’une surface de 850 mètres carrés. Elle formait à l’origine un ensemble de six pièces, chacune d’un seul tenant de 23 m de long et 6 mètres de haut, chaque pièce se composait de 14 scènes déployées sur deux niveaux. Malheureusement, les outrages du temps et la bêtise des humains l’a amputée de près d’un tiers, il n’en reste que 104 mètres. Jean Lurçat, ami et contemporain de Picasso, s’est inspiré de cette tapisserie pour créer ses propres tapisseries, une œuvre marquée par son temps, par les guerres mondiales qu’il a connues, et le risque de la guerre nucléaire durant la guerre froide. Etudier le livre de l’Apocalypse en mesurant son impact dans l’histoire de l’art est particulièrement intéressant et nous recommandons à tous de faire la visite d’Angers. L’Apocalypse, ou Révélation, est le dernier livre de la bible dont la lecture nous semble parfois fastidieuse parce qu’il renvoie à un imaginaire débridé aux nombreuses références bibliques que l’on ne saisit pas à la première lecture. Non, il ne s’agit pas d’un livre qui révèle les événements de la fin des temps. Il a été écrit à la fin du premier siècle de notre ère pour soutenir des communautés chrétiennes en proie à des persécutions locales et leur donner des raisons d’espérer et d’endurer les épreuves auxquelles elles sont confrontées en leur temps. L’Apocalypse est un livre d’espérance, dans lequel on trouve « un élan pour inverser la spirale du découragement ou celle de la perte de repères. Des impulsions pour relever avec lucidité et pertinence les multiples défis en cette première moitié du XXIème siècle… » (Pierre de Salis, Les lettres de l’Apocalypse, Pages d’espérance, Cabedita 2021). Je rédige ce médito le 1 er octobre 2022, soit exactement, jour pour jour, 50 ans après le rapport du professeur Meadows, « Les limites à la croissance », qui dénonce les impacts d’une surexploitation des ressources naturelles et ses effets néfastes sur notre environnement. Les catastrophes naturelles de plus en plus violentes et dévastatrices pourraient nous donner le sentiment, et beaucoup de nos contemporains s’en font l’écho, que ce sont des signes avant-coureurs de la fin des temps. La veille de la rédaction de ce médito, un petit monsieur malheureusement président du plus grand pays au monde a reconnu l’annexion par son pays de quatre territoires de son voisin ukrainien soit 20 % de sa surface. Il a déclenché une guerre absurde, mais dévastatrice, pour on ne sait quelle raison, qui, si l’escalade se poursuit, risque de nous conduire à la guerre nucléaire. Autre signe de la fin des temps ? Ce qui est sûr, c’est que l’apocalypse ne l’annonce pas, il ne décrit pas la fin des temps mais il nous livre une parole d’espérance : « Voici la demeure des hommes (des humains), il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux. » (Apocalypse 21, 3-4).

Pascal Wurz