Absurde… – méditation pour le Mardi saint

Le coronavirus est absurde. Ce parasite qui ne peut vivre strictement qu’aux dépens d’un organisme hôte parvient à tuer son hôte, par conséquent soi-même.

La mort est absurde. Toutes tentatives d’explication ou de justification se brisent en mille morceaux sur une mort concrète, celle d’un être que j’aime.

Les scènes qui accompagnent la mort en ce temps de pandémie sont absurdes. Quelques personnes dispersées dans la chapelle pour dire un dernier au-revoir. Des cercueils entassés, des urnes funéraires par colonnes, des camions réfrigérés…

A ces absurdités, une riposte.

Celui qui est sur le brancard et celle qui, épuisée, est endormie contre le mur, partagent le même combat. Nous existons pour aimer et être aimés. La vie se donne au nom de l’amour.

Et voici Jésus qui se voit devant l’absurdité de son sort en miroir d’une pauvre veuve.

Assis en face du tronc, Jésus regardait comment la foule mettait de l’argent dans le tronc. De nombreux riches mettaient beaucoup. Vint une veuve pauvre qui mit deux petites pièces, quelques centimes. Appelant ses disciples, Jésus leur dit : « En vérité, je vous le déclare, cette veuve pauvre a mis plus que tous ceux qui mettent dans le tronc. Car tous ont mis en prenant sur leur superflu ; mais elle, elle a pris sur sa misère pour mettre tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (évangile selon Marc 12,41-44 – traduction TOB)

Depuis le dimanche des Rameaux, Jésus fait l’aller-retour depuis Béthanie où il passe la nuit. Jésus passe ses journées au Temple de Jérusalem. Il enseigne devant la foule qui se gonfle de pèlerins de plus en plus nombreux à l’approche de la Pâque, il polémique avec les autorités religieuses et politiques sur tout un tas de sujets. Tout à la fin de ces journées d’enseignement et de polémique, avant de prendre le chemin de retour à Béthanie pour une dernière nuit, Jésus voit une veuve pauvre mettre deux petites pièces et il y voit son destin.

La veuve est doublement pauvre. Elle est pauvre car elle n’a pas grand-chose, mais elle l’est encore plus parce qu’elle se fait avoir par le système qui la pousse à donner tout ce qu’elle possède. Elle est dans la misère et elle investit tout ce qu’elle a dans quelque chose qui est voué à disparaître : le Temple de Jérusalem et la vie organisée autour de cet édifice-système.

L’absurdité qui frappe cette veuve pauvre attend Jésus. Il affrontera bientôt le monde qui le pousse à donner tout ce qu’il possède, sa vie elle-même. Il ne se dérobera finalement pas à ce chemin, même s’il est absurde. La vraie vie ne surgira que par sa mort sur la croix. Dieu se donne à la mort et la mort n’est plus. Une absurdité. Une absurdité qui riposte. Un mystère.

Le 7 avril 2020, Hyonou Paik