Dimanche 17 novembre 2024 – temple de Bôle
Lectures bibliques : Daniel 12,1-3 ; Marc 13,24-32
Mes sœurs et frères en Christ, je ne sais pas vous! mais moi, quand j’ai découvert l’Évangile de ce jour, j’ai pensé: «C’est un récit titaniquesque!» — rapport au bateau célèbre qui connut un sort funeste.
Et d’ailleurs, quand nous remontons ce chapitre 13 de l’Évangile de Marc, il y a beaucoup d’obscurité, avec aussi quelques points de lumière. En effet, pour commencer, Jésus annonce la destruction du temple, forteresse de la foi juive, signe visible de la présence de l’Éternel.
Je vous lis ces 4 premiers versets, car ils vont résonner pour notre récit.
«Tandis que Jésus sortait du temple, un de ses disciples lui dit: “Maître, regarde: quelles belles pierres, quelles grandes constructions!” Jésus lui répondit: “Tu vois ces grandes constructions! Il ne restera pas ici une seule pierre posée sur une autre; tout sera renversé.” Jésus s’assit au mont des Oliviers, en face du temple. Pierre, Jacques, Jean et André, qui étaient seuls avec lui, lui demandèrent: “Dis-nous quand cela se passera et quel signe indiquera le moment où toutes ces choses doivent arriver.”
Puis vient l’annonce des malheurs et des persécutions, l’Horreur abominable, une détresse insupportable si Dieu ne venait pas abréger ce temps. Et l’annonce de faux Messies pour égarer, si possible, même les élus.
Commence alors le récit que nous avons entendu et que nous allons méditer. C’est pratiquement la fin de l’enseignement de Jésus chez Marc, avant le récit de sa Passion.
Le premier mot de l’Évangile que Yvette a prononcé est très important: c’est un “Mais” qui souligne la volonté de Jésus d’annoncer un nouveau début à son récit: “Mais, en ces jours-là”… un temps nouveau commence. Un temps au futur… où le temps connaîtra sa fin! En effet, en annonçant que soleil et lune s’éteindront et que les étoiles tomberont du ciel, c’est la déconstruction de ce qui a été fait au 4e jour de la Création.
Dieu avait dit: “Qu’il y ait des lumières dans le ciel pour séparer le jour de la nuit; qu’elles servent
à déterminer les fêtes, ainsi que les jours et les années du calendrier; et que du haut du ciel elles éclairent la terre!”
C’est donc la fin du temps. Alors viendra le Fils de l’homme pour une seule action: rassembler les bénéficiaires du salut, “de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel” comme le traduit si bien la TOB.
L’heure est arrivée pour les disciples qui écoutent Jésus, et nous sommes ces disciples aujourd’hui, de prêter l’oreille à son appel: vous qui savez quand le figuier annonce sa bonne saison, reconnaissez que mon retour est proche. Il est non seulement certain; il est proche.
“Les gens d’aujourd’hui n’auront pas tous disparu avant que tout cela arrive.” Prise littéralement, cette phrase déroute tout lecteur attentif. Ça ressemble — excusez mon audace — à une promesse des témoins de Jéhovah sur la fin des temps. Ça ne s’est pas produit, donc ce n’est pas à prendre tellement au sérieux!
Cette génération ne passera pas; cet âge ne passera pas: chaque essai de traduction est approximatif, peut-être pour ne pas être tenté de calculer… le moment!
D’ailleurs, Jésus le dit lui-même: personne, lui non plus, ne connait ce jour et cette heure; seul le Père le sait.
Il nous reste donc à… veiller. À rester réveillés.
Aujourd’hui, comme à d’autres périodes de l’Histoire humaine, nous sommes en des temps difficiles où malheurs et catastrophes sont légion, où l’avenir des vivants n’est plus assuré. Dans cette situation, comment réagir, comment vivre cela dans la foi?
En nous appuyant sur le dernier mot qui appartiendra encore et toujours à notre Dieu de vie. Et déjà cette confiance demande notre vigilance régulière, devant toutes les nouvelles qui nous submergent, devant les épreuves que nous traversons ou que des proches subissent.
Nous avons cette assurance que Dieu reste le maître de la Création de l’Univers et qu’il l’aime, cette Création. Nous pouvons encore vivre notre aujourd’hui porteurs de son amour qui n’a pas abandonné la situation, quelle qu’elle soit. Nous pouvons imiter à notre façon Martin Luther, le Réformateur, qui disait: Si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je veux quand même planter aujourd’hui mon pommier.»
Mon pommier, ce peut être pour moi, automobiliste invétéré, de prendre plus souvent les transports en commun. Mon pommier, c’est peut-être mon soutien fidèle à telle initiative ici ou ailleurs pour des soins envers les plus démunis, pour un projet qui sauvegarde la Création.
Mon pommier, qu’est-ce que c’est pour nous, chacune et chacun de nous? Prenons un petit temps pour y réfléchir, seul face à Dieu qui nous connait, nous écoute et peut nous inspirer.
(silence)
Avec les moyens qui sont les nôtres, et là où Dieu nous a placés, restons des créateurs de courage, d’espérance; des battants pour la justice et la paix, des affamés de rassemblement, de solidarité et de communion entre les humains, entre les vivants, puisque nous sommes persuadés envers et contre tout que tous, nous sommes pareillement aimés par Dieu. Amen.
Image: Bernadette Lopez – www.evangile-et-peinture.org