L’éloge de la lenteur

Et si nous réfléchissions sur notre spiritualité, sur comment nous vivons notre foi au quotidien, en particulier sur l’importance de la lenteur dans notre vie spirituelle et relationnelle.

  • Le thème qu’il me semble devoir aborder avec vous aujourd’hui est donc : l’éloge de la lenteur.

C’est la lecture de l’épître de Jacques qui me l’a inspiré car il dit ceci :


Que chacun s’empresse d’écouter, mais soit lent à parler et lent à se mettre en colère.

Jacques 1,19

C’est un thème difficile à traiter pour moi qui aime ce qui va vite. Je cherche toujours à rentabiliser chaque minute, chaque seconde… Donc ce thème m’interpelle, me fait réfléchir à bien des égards.

Si vous deviez écrire une prédication sur l’éloge de la lenteur, par quel sujet commenceriez-vous ?

  • Eh bien Jacques commence par nous recommander d’être lents à parler.

Quelle invitation pertinente dans notre société de surinformation, où les mots fusent sans cesse, souvent sans réflexion. La rapidité à parler, à réagir, à commenter, peut nous éloigner de la sagesse. Combien de fois, dans notre hâte, disons-nous des paroles que nous regrettons plus tard ?

Être lent à parler, c’est apprendre à mesurer nos paroles, à réfléchir avant de répondre, à ne pas céder à l’impulsivité. C’est se rappeler que nos mots ont un poids, qu’ils peuvent blesser ou encourager, détruire ou construire.
En ralentissant, nous laissons plus de place à la réflexion, au discernement, à l’empathie.

La lenteur devient alors une manière d’aimer, de respecter l’autre, et de manifester la patience et la bienveillance de Dieu.

  • Puis Jacques nous exhorte à être lents à se mettre en colère.

La colère est souvent une réaction immédiate face à une injustice, un affront, une frustration. D’un côté, c’est bien d’accueillir cette émotion, car c’est bien souvent un signal d’alarme, comme quoi quelque chose d’inacceptable s’est passé et qu’il ne faut pas accepter qu’on nous marche sur les pieds. Pourtant, la Bible nous appelle à maîtriser cette émotion. Être lent à se mettre en colère, c’est prendre le temps de comprendre ce qui nous touche si profondément, d’analyser nos émotions et de chercher la paix intérieure.

La lenteur nous donne le recul nécessaire pour éviter de réagir sous le coup de l’émotion. Elle nous permet de confier nos frustrations à Dieu, de les lui remettre dans la prière, tenter de se mettre dans les souliers de l’autre, rechercher une voie de réconciliation, trouver la force de pardonner. C’est dans cette lenteur maîtrisée que nous grandissons en patience, une des vertus cardinales du chrétien.

  • Mais en tout premier, Jacques nous encourage non à la lenteur, mais à la rapidité en matière… d’écoute ! Soyez prompts à écouter, nous dit-il.

Ecouter est à la base de la lenteur. Ecouter l’autre, s’écouter soi, écouter tout ce qui nous entoure.

Ecouter véritablement demande du temps et de la patience.
Accorder toute notre attention à l’autre, sans précipitation, pour percevoir ses besoins, ses peines, ses joies.

Prendre le temps d’écouter Dieu dans la prière et la méditation de sa Parole.
Ecouter aussi la nature, le vent dans les feuilles, écouter les oiseaux, le silence.
Quand il n’y a rien à écouter, entendre malgré tout le tintement des cloches des vaches dans le lointain.

Écouter, c’est aussi s’ouvrir à ce que Dieu veut nous dire à travers les événements de notre vie. Nous ne pouvons percevoir sa voix douce et subtile que si nous ralentissons et cultivons le silence intérieur.

La lenteur ici devient une vertu précieuse. Elle nous permet de nous recentrer sur l’essentiel, de comprendre ce que Dieu attend de nous, et de nous rapprocher de lui et des autres.

  • Conclusion

Chers amis, Jacques 1,19 nous invite à redécouvrir la beauté de la lenteur.

« Être prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère. »

Voilà une sagesse que nous pouvons appliquer dans notre quotidien pour mieux refléter l’amour de Dieu.

En prenant le temps de nous arrêter, de nous taire, d’écouter, nous devenons plus attentifs à la voix de Dieu et plus ouverts aux besoins de celles et ceux qui nous entourent.

En cette journée magnifique, chaque arbre, chaque plante, chaque animal, chaque insecte, chaque point de vue nous invite à la lenteur, à nous laisser remplir par l’intensité de tout ce que la création nous donne.

Puissions-nous, avec l’aide de l’Esprit Saint, cultiver cette lenteur qui nous rapproche de l’essentiel, de la paix et de l’amour véritables.

Amen.

Image par joannadal de Pixabay