Quelle direction?

Culte avec baptême du dimanche 16 juin à Colombier

Lectures: Proverbes 3/ 1-8, 4/ 20-23; 2 Pierre 1/ 16-19; Matth. 7/ 12-14

Sans doute vous êtes vous déjà promenés en forêt ! Ce n’est pas toujours évident, vous en conviendrez, de suivre le bon chemin. Sans arrêt on se retrouve à la croisée d’au moins 2 dans le meilleur des cas, sinon de 3 ou 4 chemins. Partir en forêt sans penser le parcours auparavant c’est souvent prendre un risque, parfois ne pas évaluer à sa juste valeur le danger qui nous guette.

Heureusement, depuis des années déjà, la nature fait bien les choses, puisqu’à chaque carrefour pousse un panneau jaune !

C’est désormais plus facile pour se repérer, et pour savoir en définitive quel est le meilleur chemin à suivre.

Il en est ainsi dans beaucoup de domaines de la vie. Les études, la vie professionnelle, les divers domaines de la recherche, les relations humaines, et même le sport n’y échappent pas. 

L’éducation des enfants fonctionne un peu selon le même principe. La pédagogie affirme que pour un développement sain, un enfant a besoin de repères, de balises qui lui permettent d’avancer sur un chemin plus ou moins défini, plutôt que de risquer de se perdre parce que rien ne lui indique la route.

Ce que nous dit le texte de ce matin suit cette logique. Ce que le Jésus de l’évangile de Matthieu nous annonce ce matin, c’est que la vie qu’il nous propose est un chemin par lequel on passe comme on franchit une porte, et que cet accès à la vie n’est pas celui que tout le monde choisit.

Qu’est ce que cela signifie ?

La vie est complexe, elle est faite de nombreuses possibilités, de nombreux chemins, de nombreux carrefours, de nombreuses décisions que nous avons à prendre. Elle va dans toutes les directions. Pourtant, il faut faire un choix. Jésus nous invite à faire un choix personnel, à ne plus suivre les foules anonymes mais, au contraire, à le suivre lui.

Dans toutes ces possibilités-là, il y en a une que Dieu nous propose, c’est celle d’accepter de le trouver et de le suivre. 

C’est un appel à entrer dans la Vie. Si nous acceptons, la porte étroite est franchie. On a l’impression d’un seul coup que tout se simplifie quand on le dit n’est-ce pas ? et bien non, il reste encore un tas d’inconnues. Car qu’est-ce que cette nouvelle vie ? comment la vivre ?

Cette nouvelle vie, c’est celle que nous vivons en relation avec Dieu, c’est celle que nous entamons lors de notre baptême, et que nous acceptons de poursuivre par la suite.

Comment devons-nous la vivre ? Durant toute une longue période cette question aura permis à l’Eglise de tenir les gens sous sa férule. Et de les emprisonner dans une contrainte et une obéissance culpabilisante lorsqu’elle n’était pas tenue.

Comment la vivre ? la réponse est dans notre texte aussi : tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux.

La vie dans la suivance du Christ ne nous demande pas de devenir de véritables saints, mais de baser notre vie sur l’amour et le respect de notre prochain. Ainsi, faisons à notre prochain ce que nous-mêmes aimerions qu’il nous fasse. Voici une première balise sur nos routes de chrétiens, un premier panneau jaune, mais aussi le plus important, celui qui nous permettra d’en découvrir de nombreux autres.

L’invitation que nous fait le Christ ici, et de tenter dans la mesure de nos possibilités de nous libérer de notre égoïsme et de notre orgueil qui souvent nous éloignent de notre prochain, de ne plus détourner notre regard de l’autre car c’est comme si nous lui ôtions le droit d’exister, mais d’accepter le partage comme si nous étions frères et sœurs. Autant de nouveaux panneaux à tous ces nombreux carrefours, car combien il est tentant de choisir une autre direction, celle du repli sur soi, de la suffisance ou de la colère ou de l’envie de vengeance ou de je ne sais quoi encore.

Et il y a bien des fois, c’est exactement ce que nous faisons. Cela ne veut pas dire pour autant que nous avons cessé de vivre dans la relation à Dieu, car toute relation est faite de moments de trouble. Dans ces moments-là, peut-être que, la vie nous paraît plus difficile, que nous sommes fatigués par ses rudesses, fatigués par ses coups au cœur, fatigués par ces prières qui restent sans réponses. Tout simplement fatigués et désespérés. 

Dans ces moments-là, peut-être que ce que Dieu attend de nous, c’est que nous soyons ceux dont les autres prennent soin. 

Lanza del Vasto le traduisait par « Donne tant que tu as. Quand tu n’as plus rien, demande. Donne à d’autres l’occasion de te faire du bien. C’est une secrète et très fine charité ».

Autant de repères dans nos vies que de panneaux jaunes sur un chemin pédestre que nous découvrons au fur et à mesure que nous avançons sur nos routes. 

Autant de points de repères qui nous guident dans notre vraie vie, celle que nous avons décidé de vivre avec Dieu en franchissant la porte étroite.

Autant de repères que parents, parrains, marraines, communauté d’église sommes invités à proposer à nos enfants afin que se concrétise pour eux l’amour que Dieu leur témoigne dans son alliance avec l’homme, symbolisée ce matin par l’eau du baptême d’Henri.

Amen.