A la recherche du Graal

Ce matin nous allons parler de quelque chose qu’il n’est pas donné à tout le monde de comprendre. Ce n’est pas une question d’intelligence, mais il y a des périodes dans notre vie où l’on se raidit et où l’on est empêché de comprendre.

Nous allons méditer sur trois paraboles, sortes de paroles de sagesse, qui sont très courtes. Je vous invite à les écouter.

« Le Royaume des cieux ressemble à un trésor caché dans un champ. Un homme découvre ce trésor et le cache de nouveau. Il est si heureux qu’il va vendre tout ce qu’il possède et revient acheter ce champ.

« Le Royaume des cieux ressemble encore à un marchand qui cherche de belles perles. 

Quand il en a trouvé une de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède et achète cette perle. »

« Avez-vous compris tout cela ? » leur demanda Jésus. « Oui », répondirent-ils. 

Il leur dit alors : « Ainsi donc, tout responsable spirituel qui devient disciple du Royaume des cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. »

Matthieu 13, 44-46 et 51-52

Est-ce qu’un mot continue à résonner en vous ?

Revenons à la première parabole :

Le Royaume des cieux ressemble à un trésor caché dans un champ. Un homme découvre ce trésor et le cache de nouveau. Il est si heureux qu’il va vendre tout ce qu’il possède et revient acheter ce champ.

J’aime cette phrase parce qu’elle nous parle de quelqu’un qui est très heureux. Il est très heureux parce qu’il a trouvé un trésor.

Qu’est-ce que ça pourrait être ce trésor pour qu’il le rende si heureux ? Est-ce que vous avez une idée ?

Une boîte de Playmobil ? Une bague ? Une montre connectée ?

Une enfant répond : « la paix », une autre « la vérité », encore une autre « l’amour ».

On ne sait pas pourquoi il a trouvé ce trésor ; peut-être qu’il labourait ce champ pour y faire pousser des pommes de terre et il s’est dit : « Mais qu’est-ce que je sens sous ma bêche ? »

Il ne cherchait rien de spécial, il labourait son champ et il a trouvé ce trésor comme par miracle, par grâce. Un vrai cadeau.

Mais pourquoi est-ce qu’il le remet dans la terre ? – Eh bien parce que ce champ ne lui appartient visiblement pas. Avant qu’il existe des tracteurs, on avait des ouvriers pour labourer. II est donc l’un des ouvriers, et c’est un homme honnête. A une époque où les banques n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui, il arrivait que, pour conserver quelque chose de précieux, on le mette  dans une boîte et qu’on l’enfouisse dans la terre. Cet homme en a conscience et il ne veut pas voler ce trésor. Il n’apprécierait pas un cadeau volé.

Il va donc acheter ce champ. Mais est-ce qu’il a l’argent pour l’acheter ?

Non, il doit vendre tout ce qu’il a : peut-être qu’il y a des choses qui lui sont utiles, voire nécessaires ou indispensables, des choses qu’il aime, mais il est motivé. Il sait que ce trésor est plus précieux, plus merveilleux que toutes les autres choses auxquelles il tient pourtant.

Mais je n’ai pas compris : c’est quoi ce trésor ? On nous dit que c’est le Royaume des cieux. Mais c’est quoi au juste ? Difficile de dire exactement ce que c’est. Etre baigné de la présence de Dieu ? Vivre dans le plus grand des bonheurs ? En fait, c’est tellement difficile à décrire que Jésus décide d’en parler sous forme de parabole, d’image. L’avantage, c’est que cela nous parle à tous, adultes ou enfants.

Jésus raconte ensuite une autre parabole :

Le Royaume des cieux ressemble encore à un marchand qui cherche de belles perles. 

Quand il en a trouvé une de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède et achète cette perle. 

Ce marchand est fasciné par les perles. Lui, à l’inverse de l’homme qui a trouvé le trésor par hasard en labourant, il cherche. A voir, c’est la quête de sa vie. Il aimerait tellement trouver la plus belle des perles, celle qui a les reflets les plus magiques. Mais il est toujours déçu. Elles ne brillent pas assez, elles ont de légers défauts. Et quand enfin il trouve la perle qu’il recherchait tant, elle vaut tellement cher que, lui aussi, il doit vendre tout ce qu’il a pour pouvoir l’acquérir. Il vent peut-être des tables, des chaises, des lampes pour acheter en échange cette toute petite chose : une perle. Peut-être qu’il doit s’asseoir par terre dans sa maison, mais il est tout heureux, parce qu’il a sa magnifique perle.

Jean de La Fontaine a écrit un conte qui ressemble étonnamment à nos deux paraboles. Je vous invite à l’écouter.

Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins
3.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Aout
4.
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
5
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.

A la différence des paraboles qui nous parlent de Dieu, ce conte est une leçon de choses, où on apprend ce que c’est que la vie, comment bien conduire ses affaires. On y apprend l’importance du travail et que tout ne nous tombe pas dessus par hasard. Que notre trésor, ce n’est pas ce que l’on a, mais ce que l’on fait de ce que l’on a. Cela signifie que ce que l’on a est une ressource, mais que si on ne se met pas au travail, rien ne se passe, comme si ces fils s’étaient assis à côté du champ pour voir ce qui pousserait par le hasard des graines transportées par le vent. Ils n’auraient eu que des mauvaises herbes. Mais ce que leur père leur a dit leur a donné du courage, de la motivation. Ils croyaient trouver un trésor. Ils y ont cru et ils l’ont trouvé, mais pas de la manière qu’ils attendaient. On découvre ainsi que notre volonté est une ressource, notre créativité, notre persévérance sont des trésors qui nous aident à nous en sortir dans la vie.

Ce trésor-ci ne s’oppose en rien à cet autre trésor dont parle Jésus. Rechercher le Royaume des cieux et bien gérer sa vie vont même de pair et devraient avoir une logique commune. Ces deux types de trésor ont chacun leur valeur. Ce n’est pas parce qu’on aurait trouvé la perle précieuse qu’on ne devrait plus labourer notre champ deçà, delà, partout . Ce n’est pas parce qu’on est chrétien, croyant pratiquant qu’on pourrait tout attendre de Dieu, sans que nous fassions nous-mêmes notre part du travail.

Mais se contenter de labourer notre champ sans rechercher la perle précieuse ou découvrir le trésor caché serait aussi une erreur. Jésus aimerait nous apprendre à discerner derrière la réalité des choses, ce qui est encore plus important que le travail et l’argent. Le trésor dont il parle n’est pas qch qu’on peut toucher. Il nous invite à une découverte personnelle du cadeau qu’il est prêt à nous offrir.

Ce cadeau, c’est ce que Jésus vit lui-même : c’est expérimenter la présence du Dieu qui nous aime. Trouver le trésor, cela veut dire trouver pourquoi nous vivons et voir, entendre, sentir les bienfaits de la présence de Dieu.

Tout vendre pour acheter le trésor, cela peut sembler irresponsable ! Et pourtant, cela veut dire que nous percevons de plus en plus la valeur de la présence bienfaisante de celui qui nous aime. Et ça, ça n’a pas de prix. Il faut mettre la priorité dans nos vies pour qch qui en vaut la peine. Et Jésus nous apprend que c’est l’amour de son Père du ciel, qui est le plus merveilleux cadeau au monde.

Jésus précise dans la troisième parabole que ce trésor est fait de choses anciennes et de choses nouvelles. Il nous invite à valoriser ce que nous avons reçu au niveau de notre tradition religieuse et spirituelle, culturelle aussi, de même qu’à être ouverts à la nouveauté, à découvrir des choses que nous ne connaissions pas.

Dans le même évangile de Matthieu, au chapitre 6, Jésus dit : « Amassez-vous plutôt des richesses dans le ciel, où il n’y a ni insectes ni rouille pour détruire votre trésor, ni cambrioleurs pour forcer les serrures et le voler. Car ton cœur sera toujours là où sont tes richesses. »

Chers amis, où en êtes-vous dans votre recherche du Graal ? L’avez-vous trouvé après de longues recherches ? Ou était-ce un peu par hasard ? Vous êtes-vous donné les moyens de lui donner la première place dans votre vie ?

Où que vous en soyez, j’aimerais vous encourager : dans votre vie, un trésor vous attend. Ne perdez pas patience ! Piochez ! Bêchez ! Vous le trouverez !

Amen

Image par Pexels de Pixabay