Tout est fini… Vraiment?

Message du culte de Pâques annoncé au temple de Colombier et partagé avec Laurence Burri. Merci à elle.

Au petit matin, elles étaient là, les femmes. Elles avaient apporté tout ce qu’il fallait pour rendre les derniers devoirs à un mort. Elles étaient là. Et le tombeau était ouvert, et le tombeau était vide ! Le mort qu’elles cherchaient n’était plus là, le mort qu’elles cherchaient était vivant ! Alors, la nouvelle s’est murmurée : « Il est ressuscité ! » Certains l’ont entendue, ils ont repris le murmure, et le murmure s’est amplifié, jusqu’à résonner tout autour de la terre : « Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, Alléluia !

C’est dans l’amour et dans la joie de notre Seigneur ressuscité que je vous salue aujourd’hui.

Seigneur, toi qui te tiens au seuil des tombeaux où nous nous enfermons, donnes-nous de déposer à terre les fioles de notre désespérance!
Que ta parole réveille en nous aujourd’hui ce qui est retenu dans la mort!
Amen.

13 Et voici, ce même jour, deux disciples allaient à un village nommé Emmaüs, éloigné de Jérusalem de soixante stades; 14 et ils s’entretenaient de tout ce qui s’était passé. 15 Pendant qu’ils parlaient et discutaient, Jésus s’approcha, et fit route avec eux. 16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

17 Il leur dit: De quoi vous entretenez-vous en marchant, pour que vous soyez tout tristes? 18 L’un d’eux, nommé Cléopas, lui répondit: Es-tu le seul qui, séjournant à Jérusalem ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci? – 19 Quoi? leur dit-il. -Et ils lui répondirent: Ce qui est arrivé au sujet de Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, 20 et comment les principaux sacrificateurs et nos magistrats l’on livré pour le faire condamner à mort et l’ont crucifié. 21 Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais avec tout cela, voici le troisième jour que ces choses se sont passées.

22 Il est vrai que quelques femmes d’entre nous nous ont fort étonnés; s’étant rendues de grand matin au sépulcre 23 et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leurs sont apparus et ont annoncé qu’il est vivant. 24 Quelques-uns de ceux qui étaient avec nous sont allés au sépulcre, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit; mais lui, ils ne l’ont point vu.

25 Alors Jésus leur dit: O hommes sans intelligence, et dont le coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes! 26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa gloire? 27 Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait.

28 Lorsqu’ils furent près du village où ils allaient, il parut vouloir aller plus loin. 29 Mais ils le pressèrent, en disant: Reste avec nous, car le soir approche, le jour est sur son déclin. Et il entra, pour rester avec eux. 30 Pendant qu’il était à table avec eux, il prit le pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna. 31 Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent; mais il disparut de devant eux. 32 Et ils se dirent l’un à l’autre: Notre cœur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures?

33 Se levant à l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem, et ils trouvèrent les onze, et ceux qui étaient avec eux, assemblés 34 et disant: Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu à Simon. 35 Et ils racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu au moment où il rompit le pain.

Luc 24, 13 à 35

(B. et L. l’une après l’autre au lutrin.)

B : C’est la fin !

Il y a trois jours, Jésus est mort.
Un homme, Joseph d’Arimathée, a réclamé le corps à Ponce Pilate. Il l’a descendu de la croix, l’a enveloppé d’un linceul et l’a déposé dans une tombe. Les femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph et le regardèrent mettre son corps dans le tombeau.

silence

C’est la fin !

Silence

L : Il y a trois jours, Jésus est mort.
Pourtant il l’avait annoncé :
« Il faut que le Fils de l’Homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes. Qu’il soit mis à mort et que, le troisième jour il ressuscite. »

B : L’espoir s’est brisé. Le Messie était attendu depuis si longtemps. Il devait tous les libérer de l’oppression romaine, leur rendre leur dignité d’hommes libres.
Les prophètes leur avaient promis un Messie tout puissant, un nouveau David.

Au lieu de ça…

Au lieu de ça, le roi des Juifs, comme ils l’ont inscrit sur sa croix, est mort tristement, seul, sans résistance et sans soutien.
Pas de nouveau royaume d’Israël, pas de Messie glorieux.

L : Non, bien sûr, ce n’était pas un Messie glorieux, au contraire, il est né dans une étable. Il a grandi dans une famille toute simple. Il a travaillé comme charpentier, il est allé à la rencontre des prostituées, des collecteurs d’impôt, des lépreux. Il est entré à Jérusalem sur un âne.

Comme chacun d’entre nous, Jésus a pleuré la mort d’un ami, il a douté, il s’est mis en colère, il s’est réjoui, il a aimé, il a été profondément humain.
Cette humanité, il l’a vécue jusque dans la mort, à contre-pied de l’image du Messie attendu !

L’homme attendait une toute puissance de Dieu, et Dieu y a répondu, mais non pas comme on l’attendait. L’homme cantonnait Dieu dans une toute puissance manifestée dans la gloire ; Dieu répond à cette attente… mais par une toute puissance manifestée dans une humanité qui nous rejoint.

Par Christ, Dieu n’est pas venu libérer l’homme des contraintes du monde, mais par la mort du Christ il l’a libéré du poids du pêché, du manquement.
Ainsi, l’être humain existe devant Dieu, aimé et pardonné, dans son humanité et sa fragilité.

Par sa mort Christ nous a sauvés.

B : Voici trois jours que cet événement a eu lieu.

Depuis, les femmes se sont rendues au tombeau avec les aromates qu’elles avaient préparés.
Le tombeau était vide.
Mais elles virent des anges qui leur apprirent que Jésus était vivant.

Des hommes s’y sont rendus à leur tour. Effectivement, le tombeau était vide. Mais de Jésus, ils ne virent aucune trace.

silence

Jésus serait donc vivant !

silence

Faut-il croire ces femmes ? Mais où est-il alors ? Quelles preuves nous apportent-elles ? Et s’il est vivant pourquoi nous laisse-t-il seul ? Pourquoi nous abandonne-t-il ?

Personne ne l’a encore revu depuis ce vendredi !

L : Tombeau vide… Proclamation de résurrection : Jésus est vivant ! Des questions, des doutes…

En effet, nous ne trouvons aucune preuve de la résurrection du Christ. Il n’y a pas de témoins de l’événement. Il n’y a que les dires des femmes. La résurrection ne se joue pas sur des preuves matérielles ou historiques, mais c’est un acte de foi.

En effet, la résurrection n’est pas une œuvre de la nature, ce n’est pas le retour à la vie d’un corps mort. C’est un acte d’amour de Dieu qui ouvre sur la continuité de l’histoire, de son histoire, de notre histoire. L’histoire d’une relation qu’il a voulue avec l’homme, une relation d’amour et de confiance à laquelle rien ne mettra jamais fin.

B : Pourtant, les disciples sur le chemin d’Emmaüs se sentent seuls et abandonnés ! Malgré l’annonce du tombeau vide et de la résurrection, ils n’imaginent pas qu’une relation à Christ est encore possible !

L : Oui, perdus dans leurs doutes, ils ne reconnaissent pas le Christ qui chemine à côté d’eux.
Ils ne réalisent pas que celui que l’on croyait absent les a rejoint pour faire route avec eux. Celui que personne n’a encore revu est pourtant là, tout proche.

(B. et L. se retrouvent côte à côte au lutrin.)

B : Quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible.

Et ils se dirent l’un à l’autre :
« Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Écritures ? »

Ainsi, nous pouvons rencontrer Jésus au travers de l’écoute de la Parole, et dans le repas partagé. La cène nous est donnée comme un miroir dans lequel nous pouvons contempler Jésus-Christ crucifié pour le pardon de nos péchés, et sa résurrection pour nous offrir la vie éternelle. Pour nous il rompt le pain et verse le vin, offrant et partageant à tous son amour. Dimanche après dimanche, nous partageons le signe de sa présence, au sein de l’Église, au sein de nos vies. Dimanche après dimanche, autour du repas du Christ, nous fêtons sa résurrection, nous fêtons cette nouvelle relation.

L : Et comme toute relation, elle vit également de tous les petits instants qui font notre vie. Reconnaître le Christ ressuscité, c’est aussi trouver des signes de sa présence sur nos chemins. C’est reconnaître l’amour de Jésus présent dans le pardon accordé sans compter, c’est voir sa tendresse présente dans le respect donné sans tenir compte des apparences, c’est distinguer sa paix présente dans les efforts accomplis pour l’entente et la compréhension.

B : Ainsi chaque dimanche comme tous les jours de la semaine depuis le matin de Pâques, nous pouvons affirmer :

tout n’est pas fini, en Christ tout est en devenir.

 

Seigneur,

Montre-nous la route, quand notre cœur est aveugle et que nous passons à côté des signes que tu poses dans chacun de nos jours. Viens avec nous Seigneur, et que ta présence soit brûlante en notre vie.

L : Avance avec nous, Seigneur, sur la route quand disparaît le jour, et que notre courage, comme après une longue course, s’essouffle devant les efforts toujours à reprendre.

Tiens-nous debout avec le pain de ta présence.

Amen.