Y a d’la joie!

Bienvenue à vous qui découvrez ici les textes du culte de ce dimanche. Que Dieu vous bénisse!

Psaume 4

Quand je t’appelle au secours,
ô Dieu qui rétablis mon droit, réponds-moi.
Déjà, quand j’étais opprimé, tu m’as rendu la liberté.
Fais-moi la grâce d’écouter ma prière.
Vous autres, jusqu’à quand salirez-vous mon honneur,
vous qui aimez accuser pour rien, et qui cherchez à me calomnier ?

Apprenez que le Seigneur distingue celui qui est fidèle :
il m’écoute quand je l’appelle au secours. Si vous êtes fâchés, ne vous mettez pas en tort,
réfléchissez pendant la nuit, mais restez tranquilles.

Offrez plutôt les sacrifices convenables
et fiez-vous à la décision du Seigneur.
Beaucoup se plaignent :
« Ah ! que nous aimerions voir le bonheur !
Seigneur, fais-nous bon accueil. »
Mais dans mon cœur tu mets plus de joie
que ces gens n’en trouvent à récolter tout leur blé et tout leur vin.
Aussitôt couché, je peux m’endormir en paix,
car toi, Seigneur, toi seul, tu me fais vivre en sécurité.

Jean 15, versets 9 à 17

Je vous aime comme le Père m’aime. Demeurez dans mon amour. Si vous obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j’ai obéi aux commandements de mon Père et que je demeure dans son amour.

Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète.

Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous aime. Le plus grand amour que quelqu’un puisse montrer, c’est de donner sa vie pour ses amis.

Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ; je vous ai chargés d’aller, de porter des fruits et des fruits durables. Alors, le Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. Ce que je vous commande, donc, c’est de vous aimer les uns les autres.

Oh quelle joie !
Oh quelle joie, oh quel honneur, de proclamer sa foi. Voici les paroles d’un célèbre cantique.

À propos de joie, savez-vous que la Suisse est le 3e pays le plus heureux du monde? C’est le résultat d’une étude menée chaque année depuis 10 ans par l’institut de sondage américain Gallup mandaté par l’Organisation des Nations Unies. En 2020, la Suisse arrive au 3e rang de ce classement mondial, derrière la Finlande qui pour la 4e année consécutive arrive en tête, et le Danemark qui occupe la 2e place.

Pour parvenir à établir le classement, l’institut de sondage interroge un panel représentatif de personnes sur leur propre perception du bonheur. Naturellement, cette perception est subjective. Cette étude investigue donc autour de la question : vous trouvez-vous heureux ?

D’après les articles que j’ai lu sur le sujet, les questions étaient formulées autour de 3 thèmes : la vision des individus sur leur propre vie, leur niveau de bonheur quotidien (par exemple riez-vous chaque jour?) et la santé physique.

Les résultats de ce sondage sont ensuite croisés avec des données plus objectives telles que le produit intérieur brut (PIB) du pays, des indices de solidarité, de liberté individuelle et de corruption des Etats.

Finalement, le classement m’intéresse moins que les critères qui ont été choisis pour l’établir.

Qu’est-ce qui fait le bonheur ?
Qu’est-ce qui nous rend heureux.se ?

La santé est un élément clé. Et l’année que l’on vient de vivre a certainement mis en avant l’importance que nous donnons à la santé. Au niveau individuel mais aussi collectif. L’impuissance face à la maladie, la douleur physique mais peut-être aussi la présence plus concrète de la menace de la mort entament le bonheur individuel et collectif.

Outre la santé physique, l’épanouissement psychique est un critère prépondérant. Êtes-vous heureux aujourd’hui ? Riez-vous chaque jour ? Qu’en est-il du quotidien ?

On a entendu de plus en plus de voix ces derniers temps s’élever pour que la société ne néglige pas la santé psychique des individus. Certains craignent dans ce domaine là des séquelles à long terme de la pandémie.

Santé physique. Santé psychique. Et un troisième critère que je définirais comme un critère contextuel. Vivre dans un pays dans lequel l’individu est libre de penser et de croire, un pays confortable matériellement et dans lequel les services publics sont développés et la solidarité organisée constituent des conditions dans lesquelles l’individu peut plus aisément se considérer comme heureux.

Pour reprendre les mots du psalmiste : « je peux m’endormir en paix car toi, Seigneur, tu me fais vivre en sécurité. »

Un contexte favorable. Et pourtant, on le sait, tout le monde n’est pas heureux en Suisse ni même en Finlande. Asséner que nous vivons dans le 3e pays le plus heureux du monde peut même ajouter au malheur une certaine forme de culpabilité. Est-il encore autorisé de ne pas être heureux en Suisse?

Le bonheur est une chose, mais qu’en est-il de la joie? Pas sûre que ce soit exactement la même chose. Et dans les quelques versets du chapitre 15 de l’évangile de Jean, c’est de la joie dont il est question. « Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. »

Dans l’Ancien Testament, la joie est intimement liée à la paix. Une paix et une joie qui ne seront complètes que dans le temps du salut. Elles s’inscrivent donc dans l’espérance eschatologique de la fin des temps. La joie véritable adviendra alors dans toute sa plénitude.

De cette joie, le croyant et la croyante peut déjà en vivre les prémices. Comme une ouverture sur ce qui sera, un avant-goût sur la plénitude. Et ceci, dans le temps tout à fait particulier de la célébration. C’est ainsi que nous retrouvons dans plusieurs psaumes les cris de joie. C’est dans l’acclamation liturgique que peut se vivre quelque chose de la joie véritable.

Les images qui nous viennent en tête sont peut-être plus celles des célébrations orientales, faites de chants, de senteurs et de danses que nos cultes protestants. Mais prenons conscience que la célébration est l’occasion de vivre déjà quelque chose de la joie eschatologique.

Laissons résonner les paroles du Psaume 4. « Dans mon cœur tu mets plus de joie que ces gens n’en trouvent à récolter tout leur blé et tout leur vin. »

La joie véritable se trouve en Dieu. Elle est donnée par lui. La joie trouve sa source dans le cœur. Elle relève du bien-être, du contentement mais aussi de l’harmonie. Pour reprendre un terme qui est souvent utilisé dans le développement personnel, la joie relève de l’alignement de soi avec ses convictions, son histoire, ses valeurs.

Et elle est vécue comme une bénédiction lorsqu’on reconnaît en Dieu son origine véritable.

Ce qui est intéressant, et peut-être qui distingue la joie du bonheur, c’est que cette dernière peut aussi cohabiter avec la souffrance.

D’un bonheur peut-être plus immédiat, lié aux conditions extérieures de la vie, la découverte de la joie a quelque chose de plus intérieur. Plus essentielle. Qui transcende le contexte de vie. On connaît de nombreux témoignages de martyres ou de personnes qui ont traversé de grandes souffrances physiques ou psychiques qui témoignent avoir toujours trouvé au plus profond d’elles-même la présence de cette joie, de cette flamme qui, malgré toutes les difficultés, n’a cessé de brûler.

La joie est la liberté donnée au croyant de vivre aligné avec Dieu en dépit des angoisses et des épreuves. Jean, lui, ne parle pas d’alignement. Il utilise le verbe demeurer.

Demeurer en Dieu. Il y a dans ce terme tout le contraire de la passivité que l’on pourrait entendre dans le synonyme rester, demeurer. Pour demeurer, il s’agit sans cesse de se réajuster. Du même amour qu’il a reçu du Père, le Christ aime les siens. Et les appelle dans son discours d’adieu, à demeurer dans cet amour. Il les appelle à prendre soin de cet amour, à l’entretenir, à ne pas le laisse s’étioler.

Les critères de la perception du bonheur ont été définis (santé physique et psychique, contexte extérieur), ceux de la joie ne sont pas exactement les mêmes. Ce qui traverse tout ce texte de l’évangile de Jean, ce sont deux éléments : l’amour et l’obéissance aux commandements.

Alors l’amour, cela nous semble assez évident. Pour vivre dans la joie, il est primordial d’aimer et de se savoir aimé. De se sentir accueilli et chéri. Sans amour, pas de joie.

Mais l’obéissance aux commandements comme critère de la joie, c’est un peu plus interpellant. En hommes et en femmes libres et nous revendiquant comme tels, il nous est un peu contraire de considérer l’obéissance de manière si positive.

Le serviteur obéit par devoir. Il ne lui est pas demandé de comprendre les ordres, encore moins d’y adhérer. Il est attendu de lui qu’il effectue ce qui lui est ordonné. Mais Jésus dit : je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle amis. L’ami est invité à l’obéissance. Non plus par devoir, mais par adhésion.

Obéir, c’est mettre en pratique. Et Jésus ajoute : vous avez tout pour comprendre. Ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai transmis. Tout nous est donc donné pour que nous puissions obéir par adhésion, comme des amis.

L’amour chrétien, c’est mettre en pratique les commandements.
L’obéissance au commandements, c’est mettre en pratique l’amour.

Et ceci n’est possible que si nous y trouvons là du sens. Comprendre et adhérer pour aimer et obéir.
Voilà ce qui est nécessaire pour demeurer dans la joie. Pour prendre soin de cette flamme que le Christ dépose en nous.

Et voilà!
Nous avons maintenant non seulement la recette du bonheur, mais aussi celle de la joie. Ne reste plus qu’à en vivre! Avec tous les défis que cela représente.

« Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous
et que votre joie soit complète. »

Amen