Face à la Croix: culte de vendredi saint

Quand Jésus est mort, il est arrivé quelque chose à la mort. Elle a d’un coup changé de visage. La malédiction prononcée jadis : de mort tu mourras (Genèse 2,7), s’est muée en bonne nouvelle : la mort a été engloutie dans la victoire (1Corinthiens 15,54).

Que la grâce et la paix de Dieu vous soient données!
Que sa victoire l’emporte!

Vendredi saint. Temps central de la vie chrétienne, nous faisons aujourd’hui mémoire de la mort de Jésus en croix.
À vendredi saint, toutes les valeurs sont bouleversées. Ce que nous pensions être les attributs de la puissance sont reversés. L’apparente faiblesse se révèle être véritable force. Et nous osons encore aujourd’hui, affirmer avec les premiers chrétiens, cette folie: l’homme qui a été suspendu à la croix n’était autre que Dieu.
Cette vérité perturbante, ce paradoxe Notre Dieu tout-puissant est cloué là, sur deux planches de bois est au centre de notre célébration. Jamais notre esprit humain ne pourrait réconcilier ces deux vérités. Aucune logique ne peut associer la mort infamante d’un homme misérable, esseulé et la puissance indépassable du Dieu unique. Nous voici face à la Croix. Et face à toutes les tensions qu’elle crée dans notre esprit et jusque dans notre cœur.

Prière d’ouverture

Oh combien, Seigneur, les mots nous semblent parfois dérisoires.
Pas assez riches pour dire la grandeur de ton œuvre.
Trop réducteurs pour exprimer notre foi profonde.

Et pourtant, ce sont des mots que tu nous laisses.
C’est à travers eux que tu as choisi de te révéler à nous.
Dans le témoignage des premiers qui ont cru en toi.

Nous t’en prions, viens renouveler notre écoute de ces textes maintes fois lus et entendus.
Viens inspirer notre compréhension.
Et que ta Parole s’exprime au travers de nos mots. Amen

Senteurs et saveurs des derniers jours

1 On était à deux jours de la fête de la Pâque et des pains sans levain. Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi cherchaient un moyen d’arrêter Jésus en cachette et de le mettre à mort. 2 Ils se disaient en effet : « Nous ne pouvons pas faire cela pendant la fête, sinon le peuple risquerait de se soulever. »

3 Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux ; pendant qu’il était à table, une femme entra avec un flacon d’albâtre plein d’un parfum très cher, fait de nard pur. Elle brisa le flacon et versa le parfum sur la tête de Jésus. 4 Certains de ceux qui étaient là furent indignés et se dirent entre eux : « A quoi bon avoir ainsi gaspillé ce parfum ? 5 On aurait pu le vendre plus de trois cents pièces d’argent pour les donner aux pauvres ! » Et ils critiquaient sévèrement cette femme. 6 Mais Jésus dit : « Laissez-la tranquille. Pourquoi lui faites-vous de la peine ? Ce qu’elle a accompli pour moi est beau. 7 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous, et toutes les fois que vous le voudrez, vous pourrez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours avec vous. 8 Elle a fait ce qu’elle a pu : elle a d’avance mis du parfum sur mon corps afin de le préparer pour le tombeau. 9 Je vous le déclare, c’est la vérité : partout où l’on annoncera la Bonne Nouvelle, dans le monde entier, on racontera ce que cette femme a fait et l’on se souviendra d’elle. »

10 Alors Judas Iscariote, un des douze disciples, alla proposer aux chefs des prêtres de leur livrer Jésus. 11 Ils furent très contents de l’entendre et lui promirent de l’argent. Et Judas se mit à chercher une occasion favorable pour leur livrer Jésus.

12 Le premier jour de la fête des pains sans levain, le jour où l’on sacrifiait les agneaux pour le repas de la Pâque, les disciples de Jésus lui demandèrent : « Où veux-tu que nous allions te préparer le repas de la Pâque ? » 13 Alors Jésus envoya deux de ses disciples en avant, avec l’ordre suivant : « Allez à la ville, vous y rencontrerez un homme qui porte une cruche d’eau. Suivez-le, 14 et là où il entrera, dites au propriétaire de la maison : «Le Maître demande : Où est la pièce qui m’est réservée, celle où je prendrai le repas de la Pâque avec mes disciples ?» 15 Et il vous montrera, en haut de la maison, une grande chambre déjà prête, avec tout ce qui est nécessaire. C’est là que vous nous préparerez le repas. » 16 Les disciples partirent et allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus le leur avait dit, et ils préparèrent le repas de la Pâque.

17 Quand le soir fut venu, Jésus arriva avec les douze disciples. 18 Pendant qu’ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit : « Je vous le déclare, c’est la vérité : l’un de vous, qui mange avec moi, me trahira. » 19 Les disciples devinrent tout tristes, et ils se mirent à lui demander l’un après l’autre : « Ce n’est pas moi, n’est-ce pas ? » 20 Jésus leur répondit : « C’est l’un d’entre vous, les douze, quelqu’un qui trempe avec moi son pain dans le plat. 21 Certes, le Fils de l’homme va mourir comme les Écritures l’annoncent à son sujet ; mais quel malheur pour celui qui trahit le Fils de l’homme ! Il aurait mieux valu pour cet homme-là ne pas naître ! »

22 Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir remercié Dieu, il le rompit et le donna à ses disciples ; il leur dit : « Prenez ceci, c’est mon corps. » 23 Il prit ensuite une coupe de vin et, après avoir remercié Dieu, il la leur donna, et ils en burent tous. 24 Jésus leur dit : « Ceci est mon sang, le sang qui garantit l’alliance de Dieu et qui est versé pour une multitude de gens. 25 Je vous le déclare, c’est la vérité : je ne boirai plus jamais de vin jusqu’au jour où je boirai le vin nouveau dans le Royaume de Dieu. » 26 Ils chantèrent ensuite les psaumes de la fête, puis ils s’en allèrent au mont des Oliviers.

Évangile de Marc, chapitre 14, versets 1 à 26.

Ce n’est pas moi, n’est-ce pas?
Ce n’est pas moi, Seigneur, celui qui te trahit?

Serait-ce moi ?
Serait-ce moi, Seigneur ?
Celui qui fait mine de ne pas voir.
Qui passe à côté de la misère des autres.
Qui me réfugie dans la chaleur de mon foyer.

Serait-ce moi, Seigneur ?
Celle qui tient de grands discours sur le partage,
mais qui me replie sur mes biens.

Serait-ce moi, Seigneur ?
Celui qui préfère être de l’avis du dernier qui a parlé.
Par crainte de devoir défendre ma pensée.
Par peur qu’on se moque de moi.

Serait-ce moi, Seigneur ?
Celle qui cherche à te plaire.
Mais qui au fond, cherche surtout à me plaire à moi-même.
Serait-ce moi ?
Je m’interroge.
Et cette question qui me renvoie à moi-même, je te la confie Seigneur.
Je peux dévoiler devant toi cette part de moi dont je ne suis pas fière.

Tu discernes en moi ce qui est beau de ce qui est laid.
Tu pardonnes et tu aimes.
Judas faisait partie de tes amis, des proches que tu avais toi-même choisis.
Et aujourd’hui je sais que malgré cette part de moi, tu me choisis parmi les tiens.

Le soir au mont des Oliviers

27 Jésus dit à ses disciples : « Vous allez tous m’abandonner, car on lit dans les Écritures : «Je tuerai le berger, et les moutons partiront de tous côtés ». 28 Mais, ajouta Jésus, quand je serai de nouveau vivant, j’irai vous attendre en Galilée. » 29 Pierre lui dit : « Même si tous les autres t’abandonnent, moi je ne t’abandonnerai pas. » 30 Alors Jésus lui répondit : « Je te le déclare, c’est la vérité : aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, toi, tu auras prétendu trois fois ne pas me connaître. » 31 Mais Pierre répliqua encore plus fort : « Je ne prétendrai jamais que je ne te connais pas, même si je dois mourir avec toi. » Et tous les autres disciples disaient la même chose.

32 Ils arrivèrent ensuite à un endroit appelé Gethsémané, et Jésus dit à ses disciples : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier. » 33 Puis il emmena avec lui Pierre, Jacques et Jean. Il commença à ressentir de la frayeur et de l’angoisse, 34 et il leur dit : « Mon coeur est plein d’une tristesse mortelle ; restez ici et demeurez éveillés. » 35 Il alla un peu plus loin, se jeta à terre et pria pour que, si c’était possible, il n’ait pas à passer par cette heure de souffrance. 36 Il disait : «  Abba, ô mon Père, tout t’est possible ; éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » 37 Il revint ensuite vers les trois disciples et les trouva endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ? Tu n’as pas été capable de rester éveillé même une heure ? 38 Restez éveillés et priez, pour ne pas tomber dans la tentation. L’être humain est plein de bonne volonté, mais il est faible. »

39 Il s’éloigna de nouveau et pria en répétant les mêmes paroles. 40 Puis il revint auprès de ses disciples et les trouva endormis ; ils ne pouvaient pas garder les yeux ouverts. Et ils ne savaient pas que lui dire. 41 Quand il revint la troisième fois, il leur dit : « Vous dormez encore et vous vous reposez ? C’est fini ! L’heure est arrivée. Maintenant, le Fils de l’homme va être livré entre les mains des pécheurs. 42 Levez-vous, allons-y ! Voyez, l’homme qui me livre à eux est ici ! »

43 Jésus parlait encore quand arriva Judas, l’un des douze disciples. Il y avait avec lui une foule de gens armés d’épées et de bâtons. Ils étaient envoyés par les chefs des prêtres, les maîtres de la loi et les anciens. 44 Judas, celui qui leur livrait Jésus, avait indiqué à cette foule le signe qu’il utiliserait : « L’homme que j’embrasserai, c’est lui. Saisissez-le et emmenez-le sous bonne garde. » 45 Dès que Judas arriva, il s’approcha de Jésus et lui dit : « Maître ! » Puis il l’embrassa. 46 Les autres mirent alors la main sur Jésus et l’arrêtèrent. 47 Mais un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand-prêtre et lui coupa l’oreille. 48 Jésus leur dit : « Deviez-vous venir armés d’épées et de bâtons pour me prendre, comme si j’étais un brigand ? 49 Tous les jours j’étais avec vous et j’enseignais dans le temple, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais cela arrive pour que les Écritures se réalisent. » 50 Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent. 51 Un jeune homme suivait Jésus, vêtu d’un simple drap. On essaya de le saisir, 52 mais il abandonna le drap et s’enfuit tout nu.

Évangile de Marc, chapitre 14, versets 27 à 52

C’est nus que nous nous présentons devant toi.
Dépouillés de nos artifices.
Nous qui si souvent nous drapons de bonnes intentions.
Nous ne pouvons, devant toi, qu’être nous-mêmes, mis à nu.

Nous avons beau croire que notre bonne volonté suffira.
Que jamais nous n’aurons la faiblesse de fuir.
La réalité est plus crue.

Et si tes disciples t’abandonnent, toi tu ne leur tourne pas le dos.
Et si nous sommes rattrapés par nos faiblesses,
tu ne nous laisses pas tomber.

Que s’accomplisse alors non pas ce que nous voulons, mais ce que Dieu veut!

Accusé et renié

53 Ils emmenèrent Jésus chez le grand-prêtre, où s’assemblèrent tous les chefs des prêtres, les anciens et les maîtres de la loi. 54 Pierre suivit Jésus de loin, et il entra dans la cour de la maison du grand-prêtre. Là, il s’assit avec les gardes et il se chauffait près du feu.

55 Les chefs des prêtres et tout le Conseil supérieur cherchaient une accusation contre Jésus pour le condamner à mort, mais ils n’en trouvaient pas. 56 Beaucoup de gens, en effet, portaient de fausses accusations contre Jésus y , mais ils se contredisaient entre eux. 57 Quelques-uns se levèrent alors et portèrent cette fausse accusation contre lui : 58 « Nous l’avons entendu dire : «Je détruirai ce temple construit par les hommes, et en trois jours j’en bâtirai un autre qui ne sera pas une œuvre humaine.» » 59 Mais même sur ce point-là ils se contredisaient. 60 Le grand-prêtre se leva alors dans l’assemblée et interrogea Jésus : « Ne réponds-tu rien à ce que ces gens disent contre toi ? » 61 Mais Jésus se taisait, il ne répondait rien. Le grand-prêtre l’interrogea de nouveau : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu auquel vont nos louanges ? » 62 Jésus répondit : « Oui, je le suis, et vous verrez tous le Fils de l’homme siégeant à la droite du Dieu puissant ; vous le verrez aussi venir parmi les nuages du ciel. » 63 Alors le grand-prêtre déchira ses vêtements et dit : « Nous n’avons plus besoin de témoins ! 64 Vous avez entendu cette insulte faite à Dieu. Qu’en pensez-vous ? » Tous déclarèrent qu’il était coupable et qu’il méritait la mort. 65 Quelques-uns d’entre eux se mirent à cracher sur Jésus, ils lui couvrirent le visage, le frappèrent à coups de poing et lui dirent : « Devine qui t’a fait cela ! » Et les gardes prirent Jésus et lui donnèrent des gifles.

66 Pierre se trouvait encore en bas dans la cour, quand arriva une des servantes du grand-prêtre. 67 Elle vit Pierre qui se chauffait, le regarda bien et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus, cet homme de Nazareth. » 68 Mais il le nia en déclarant : « Je ne sais pas ce que tu veux dire, je ne comprends pas. » Puis il s’en alla hors de la cour, dans l’entrée. Alors un coq chanta. 69 Mais la servante le vit et répéta devant ceux qui étaient là : « Cet homme est l’un d’eux ! » 70 Et Pierre le nia de nouveau. Peu après, ceux qui étaient là dirent encore à Pierre : « Certainement, tu es l’un d’eux, parce que, toi aussi, tu es de Galilée. » 71 Alors Pierre s’écria : « Que Dieu me punisse si je mens ! Je le jure, je ne connais pas l’homme dont vous parlez. » 72 A ce moment même, un coq chanta pour la seconde fois, et Pierre se rappela ce que Jésus lui avait dit : « Avant que le coq chante deux fois, tu auras prétendu trois fois ne pas me connaître. » Alors, il se mit à pleurer.

Évangile de Marc, chapitre 14, versets 53 à 72.

Les larmes de Pierre.
Larmes de regrets, larmes de désespoir.
Les larmes du repentir, les larmes de la trahison.

Béni sois-tu, ô Dieu, de nous avoir créés capables de pleurer.
Ces gouttes qui se forment au bord de nos yeux et ruissellent sur nos joues, sont parfois plus fortes que tous les mots du monde.

Les larmes du remords, les larmes de la tristesse.
Les larmes de l’émotion et aussi celles du rire et de la joie.

Béni sois-tu pour toutes ces sensations qui nous traversent et nous rendent vivants.
Toi qui nous aimes dans toutes les dimensions de notre être.

Condamné à mort

1 Tôt le matin, les chefs des prêtres se réunirent en séance avec les anciens et les maîtres de la loi, c’est-à-dire tout le Conseil supérieur. Ils firent ligoter Jésus, l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate. 2 Celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui répondit : « Tu le dis. » 3 Les chefs des prêtres portaient de nombreuses accusations contre Jésus. 4 Alors, Pilate l’interrogea de nouveau : « Ne réponds-tu rien ? Tu entends combien d’accusations ils portent contre toi ! » 5 Mais Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate était étonné.

6 A chaque fête de la Pâque, Pilate libérait un prisonnier, celui que la foule demandait. 7 Or, un certain Barabbas était en prison avec des rebelles qui avaient commis un meurtre lors d’une révolte. 8 La foule se rendit donc à la résidence de Pilate et tous se mirent à lui demander ce qu’il avait l’habitude de leur accorder. 9 Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous libère le roi des Juifs ? » 10 Il savait bien, en effet, que les chefs des prêtres lui avaient livré Jésus par jalousie. 11 Mais les chefs des prêtres poussèrent la foule à demander que Pilate leur libère plutôt Barabbas. 12 Pilate s’adressa de nouveau à la foule : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? » 13 Ils lui répondirent en criant : « Cloue-le sur une croix ! » 14 Pilate leur demanda : « Quel mal a-t-il donc commis ? » Mais ils crièrent encore plus fort : « Cloue-le sur une croix ! » 15 Pilate voulut contenter la foule et leur libéra Barabbas ; puis il fit frapper Jésus à coups de fouet et le livra pour qu’on le cloue sur une croix.

16 Les soldats emmenèrent Jésus à l’intérieur du palais du gouverneur, et ils appelèrent toute la troupe. 17 Ils le revêtirent d’un manteau rouge, tressèrent une couronne avec des branches épineuses et la posèrent sur sa tête. 18 Puis ils se mirent à le saluer : « Salut, roi des Juifs ! » 19 Et ils le frappaient sur la tête avec un roseau, crachaient sur lui et se mettaient à genoux pour s’incliner bien bas devant lui. 20 Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau rouge et lui remirent ses vêtements. Puis ils l’emmenèrent au-dehors pour le clouer sur une croix.

Évangile de Marc, chapitre 15, versets 1 à 20

Quand une foule crie.
Quand sa haine est attisée.
Quand l’excitation monte.
Toute humanité est engloutie.

Il n’y a plus d’homme, plus de femme. Juste une masse.
Du bruit, des cris, de la violence.
L’anonymat est complet.

Ce n’est personne qui frappe
Puisque c’est tout le monde qui frappe.
Jamais un être humain seul porterait ces coups, cracheraient ces insultes, ni aurait aux lèvres ce rire moqueur.
C’est la masse qui déshumanise.

Comment, ô Dieu, rester humain dans le monde?
Comment rester moi-même quand autour de moi se déchaînent les majorités anonymes?
Comment rester homme? Comment rester femme?

Face à toi, je ne serai jamais un parmi d’autres.
Je me sais aimé·e et accueilli·e par toi comme un être à part entière.
Voilà qui m’humanise.
Et me redonne ma valeur unique.
Béni sois-tu!

La croix et le tombeau

21 Un certain Simon, de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, passait par là alors qu’il revenait des champs. Les soldats l’obligèrent à porter la croix de Jésus. 22 Ils conduisirent Jésus à un endroit appelé Golgotha, ce qui signifie « Le lieu du Crâne ». 23 Ils voulurent lui donner du vin mélangé avec une drogue, la myrrhe, mais Jésus le refusa. 24 Puis ils le clouèrent sur la croix et se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir ce que chacun recevrait. 25 Il était neuf heures du matin quand ils le clouèrent sur la croix. 26 Sur l’écriteau qui indiquait la raison de sa condamnation, il y avait ces mots : « Le roi des Juifs ». 27 Ils clouèrent aussi deux brigands sur des croix à côté de Jésus, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.[ 28 C’est ainsi que se réalisa le passage de l’Écriture qui déclare : « Il a été placé au nombre des malfaiteurs. »]

29 Les passants l’insultaient en hochant la tête ; ils lui disaient : « Hé ! toi qui voulais détruire le temple et en bâtir un autre en trois jours, 30 sauve-toi toi-même, descends de la croix ! » 31 De même, les chefs des prêtres et les maîtres de la loi se moquaient de Jésus et se disaient les uns aux autres : « Il a sauvé d’autres gens, mais il ne peut pas se sauver lui-même ! 32 Que le Messie, le roi d’Israël descende maintenant de la croix ! Si nous voyons cela, alors nous croirons en lui. » Ceux qui avaient été mis en croix à côté de Jésus l’insultaient aussi.

33 A midi, l’obscurité se fit sur tout le pays et dura jusqu’à trois heures de l’après-midi. 34 Et à trois heures, Jésus cria avec force : «  Éloï, Éloï, lema sabachtani ? » — ce qui signifie « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » — 35 Quelques-uns de ceux qui étaient là l’entendirent et s’écrièrent : « Écoutez, il appelle Élie ! » 36 L’un d’eux courut remplir une éponge de vinaigre et la fixa au bout d’un roseau, puis il la tendit à Jésus pour qu’il boive m et dit : « Attendez, nous allons voir si Élie vient le descendre de la croix ! » 37 Mais Jésus poussa un grand cri et mourut.

38 Le rideau suspendu dans le temple se déchira en deux depuis le haut jusqu’en bas. 39 Le capitaine romain, qui se tenait en face de Jésus, vit comment il était mort et il dit : « Cet homme était vraiment Fils de Dieu ! » 40 Quelques femmes étaient là, elles aussi, et regardaient de loin. Parmi elles, il y avait Marie du village de Magdala, Marie, la mère de Jacques le jeune et de Joses, et Salomé. 41 Elles avaient suivi Jésus et l’avaient servi quand il était en Galilée. Il y avait là également plusieurs autres femmes qui étaient montées avec lui à Jérusalem.

42 Le soir était déjà là, quand arriva Joseph, qui était d’Arimathée. Joseph était un membre respecté du Conseil supérieur, et il espérait, lui aussi, la venue du Royaume de Dieu. C’était le jour de la préparation, c’est-à-dire la veille du sabbat. C’est pourquoi Joseph alla courageusement demander à Pilate le corps de Jésus. 44 Mais Pilate fut étonné d’apprendre qu’il était déjà mort. Il fit donc appeler le capitaine et lui demanda si Jésus était mort depuis longtemps. 45 Après avoir reçu la réponse de l’officier, il permit à Joseph d’avoir le corps. 46 Joseph acheta un drap de lin, il descendit le corps de la croix, l’enveloppa dans le drap et le déposa dans un tombeau qui avait été creusé dans le rocher. Puis il roula une grosse pierre pour fermer l’entrée du tombeau. 47 Marie de Magdala et Marie la mère de Joses regardaient où on mettait Jésus.

Évangile de Marc, chapitre 15, versets 21 à 47

L’obscurité.
La nuit est tombée au milieu du jour.
Tout le pays plongé dans l’obscurité.
La nuit du deuil et de la tristesse.
La nuit de l’incompréhension et de la bêtise humaine.
La nuit de la violence.
La nuit de la souffrance.
La nuit de la haine et de la mort.

Et puis le rideau du temple qui se déchire.
Comme un coup de tonnerre venu du ciel jusqu’à la terre.
Et ce qui était jusqu’alors caché est désormais révélé.
Mis à nu, dévoilé.

Il n’y a plus de voile, plus de séparation entre le ciel et la terre. Plus de limite entre Dieu et nous.
Dieu a perdu son fils.
Il a vécu la mort pour la première fois. Il a déchiré son vêtement en signe de deuil.
Lui et nous sommes pleinement humains.
Et rien ne pourra jamais nous séparer.
Il est venu à nous comme personne d’autre n’aurait eu le courage de le faire.

Dieu pleure avec nous sur les souffrances du monde.
Et celles-ci prennent une dimension nouvelle.
Nous ne sommes plus seuls face aux puissances mortifères.
Dieu est présent.
Il a vécu la croix.
Voilà sa puissance.

Prière d’intercession

Il est arrivé quelque chose à la mort depuis que le Christ l’a subie…

Oui, nous en avons la conviction, il est arrivé quelque chose à la mort depuis que tu l’as subie.
Apprends-nous à en témoigner auprès de celles et ceux qui souffrent d’événement mortifiants, de solitude et de regrets.
Aide-nous à transformer cette conviction en actions concrètes les uns pour les autres.
Unis ce matin autour de la croix, nous te remettons les hommes, les femmes et les enfants qui vivent sous la domination de la peur.
Au cœur de la faiblesse s’est exprimée ta puissance. Rends-nous forts à notre tour.
Rappelle-nous de ne pas laisser la mort s’installer dans nos relations, mais de développer ce qui transmet la vie, l’amitié et le respect.
Ainsi, nous ne t’abandonnerons pas sur la croix, mais nous saurons faire rayonner ta lumière.
Nous qui voulons être tes enfants, porteurs de ton amour ici-bas, nous te prions : Notre Père…

Envoi

Nous ne vous avons pas épargnés aujourd’hui. Ainsi en est-il lorsque nous nous confrontons à la noirceur de la croix.
Même dans cette obscurité, nous savons que nous ne sommes pas seuls. C’est donc avec ces tensions que nous repartirons dans le monde et dans notre vie. Soutenus et accompagnés par la bénédiction de Dieu.

Que Dieu vous bénisse
Dans les obscurités comme dans la lumière
Il ne cesse de t’aimer.

Que le Christ te relève
Dans la mort comme dans la vie
Il ne cesse d’être à tes côtés

Que l’Esprit saint souffle sur toi
Dans la faiblesse comme dans la puissance
Il ne cesse de renouveler tes forces.