Culte à la maison : Le pays promis est-il fabuleux ou dangereux ?

Message

Dieu donne au peuple d’Israël un pays ruisselant le lait et le miel. Pour cela, le peuple va devoir l’explorer. Douze éclaireurs sont désignés. Ils ont pour mission de regarder :

  • La densité de la population : très peuplé ou peu
  • L’aspect moral : bon ou mauvais
  • Le paysage : nature boisée ou non
  • L’aspect politique : population forte ou faible
  • La capacité de défense
  • L’aspect économique : richesse du pays, terrain fertile ou pauvre.

Les éclaireurs explorent le pays. Cette exploration dure 40 jours. Ce pays est magnifique et il fait bon de vivre. Il n’y a qu’à voir ses fruits : une grappe de raisin, des figues et des grenades, symbole de l’arbre de vie du paradis, de l’abondance, de la fertilité et d’une grande prospérité.

Un représentant de chaque tribu est désigné. Ils sont douze hommes pour les douze tribus d’Israël. Douze paires d’yeux. Des personnalités différentes. Douze hommes pour une même mission, une même feuille de route. De quoi avoir un retour assez complet, un regard complémentaire.

Dieu donne le pays de Canaan. Ce texte nous dit quelque chose sur la nature de ce Dieu qui donne. Le peuple a quitté l’esclavage, il marche vers la terre promise, il marche sur la route de la liberté. Pour accéder à la vie, il ne suffit pas seulement d’échapper à la mort, encore faut-il vouloir vivre. Il ne suffit pas de recevoir un pays en cadeau, encore faut-il l’explorer pour se faire une idée.

Le texte nous dit aussi que recevoir c’est explorer. C’est engager ses idées, ses compétences, ses envies. Recevoir c’est pouvoir se sentir libre d’accepter ou de refuser. Recevoir c’est engager ses pas sur les routes de l’aventure, quitter les sentiers battus, emprunter des chemins que l’on ne pensait jamais explorer, et découvrir ce que l’on n’aurait jamais imaginé. Celui qui reçoit ne reste pas passif mais devient d’emblée acteur participatif du don qu’il reçoit.

Musique

Lecture Nombres 13, 28-33

Message

À leur retour, ils font un compte rendu de leur voyage. Ils confirment que le pays est très beau. Il coule le lait et le miel. Ils en montrent la preuve : ils ont ramené les fruits du pays.

Un compte rendu éminemment positif. Sauf il y a un « mais ».

Les peuples qui habitent le pays sont plus puissants qu’eux. Ils ont vu Amalèq, un grand ennemi d’Israël, les descendants d’Anaqites : une tribu de géants d’après une légende. Ils sont fascinés en même temps paralysés. Ils sont enthousiastes mais il y a encore des obstacles à franchir.

Le pays est à leur portée, ils sont prêts du but. Maintenant il faut y aller, éliminer les obstacles… Les explorateurs se rétractent. Ils n’osent pas. Ils changent leur fusil d’épaule, ce pays décrit au départ comme ruisselant de lait et de miel, devient le pays qui dévore ses habitants, un pays en état de guerre. Tout à coup, ils se sont sentis comme des sauterelles comparativement aux autres qui sont des géants. Ils se laissent accaparer par des pensées négatives. Ils mettent en avant leur faiblesse, leur manque de confiance en eux.

Le pays est à la portée des Israélites. La possibilité de commencer une nouvelle vie dans cette terre promise s’offre à eux. La vie est belle, elle est là. Pour la saisir et la vivre, il faut commencer par éliminer les peurs qui paralysent, se débarrasser des pensées négatives.

Comment ne pas les comprendre ? Nous aussi, il nous arrive d’être découragés par la grandeur des oppositions que nous pouvons rencontrer dans les lieux de travail, par les défis qu’il nous faut relever. Il nous arrive de nous voir petits comme des sauterelles, par l’attitude d’une personne qui nous parle mal, nous dévalorise et nous blesse.

Pour nous, combien est grande la crise sanitaire que nous confrontons actuellement. Combien est grande l’incertitude face à l’inconnu. Combien est grand le rapport médical ? Combien sont grands les doutes, les inquiétudes, les regrets, les sentiments de culpabilité ? Ne ressentons-nous pas parfois limités, inutiles, réduits à moins que rien ?

Que les autres peuples regardent les Israélites petits, faibles c’est une chose. Que les Israélites se voient eux-mêmes comme tels, c’est encore plus difficile.

Les questions qui nous sont posées avec ce texte : quel son de cloche sommes-nous prêts à écouter ? Quel reportage allons-nous croire ? Sommes-nous prêts à écouter la version des explorateurs, qui par leur description du pays promis incitent à la peur et paralysent les initiatives ? Ou, au contraire, sommes-nous prêts à écouter l’autre version, qui par la façon de présenter l’avenir nous encourage à nous lancer, à aller de l’avant et à oser la vraie vie ?

Se pose la question du choix et du réalisme de la vie. Dieu dit au peuple : vous pouvez être heureux, le pays est là, je vous le donne. Le choix ne peut être celui de la peur qui évite les défis, les prises de risques, une peur de l’avenir qui pousse à idéaliser le passé. Quelles que soient les déceptions, les expériences, nos choix ne peuvent pas être une solution de facilité qui nous dispenserait de lutter et de combattre.

La réalité de la vie s’accompagne de combats, d’efforts, de réussite, d’échecs, d’épreuves, de risques, de difficultés… Sans ce réalisme, nous capitulons sur nos anciennes habitudes, par peur de l’avenir, par peur de l’inconnu, par peur vis-à-vis de tout ce qui risque de changer quelque chose à notre vie, pour ne pas devoir faire des choix. Sans ce réalisme, nous remettons nos libertés, nos capacités de décisions dans les structures de pouvoir de domination. La peur a poussé Israël à vouloir retourner en Égypte où il était esclave.

Le pays promis est-il fabuleux ou dangereux ?

De nos jours, les médias privilégient une vision alarmiste et catastrophique du monde : l’économie va mal. Le chômage, la pauvreté augmentent… Les mauvaises nouvelles courent plus vite et que les bonnes nouvelles. Dans ce contexte pandémique, j’ai entendu des psychologues conseiller de surveiller notre consommation des médias. Ces nouvelles, que l’on veuille ou non, influencent notre santé émotionnelle, augmentent le stress.

Grands sont les défis. Grandes sont les fatigues. Mais aussi grande est la fidélité de Dieu. Grandes sont ses promesses et sa miséricorde. Grand est son amour qui dépasse nos peurs et nos paralysies. Grand est son pardon. Deux explorateurs sur douze ont gardé confiance en la promesse de Dieu. Ils ont passé par des temps d’errance et de révolte dans le désert, ils ont continué à croire que Dieu reste fidèle et les mène à bon port. Dans cette confiance, ils puisent force et énergie et se voient déjà victorieux. Allons-nous mettre notre confiance en Dieu ? Allons-nous lui faire confiance dans tous les aspects de nos vies ?

La vie est à l’explorer, à découvrir, des géants postés sur notre route ne manqueront pas de nous intimider, nous fragiliser. Puissions-nous nous rappeler que Celui qui a commandé cette exploration ne reste jamais trop loin de nous. Il est le Dieu de la vie qui prend soin de chacun-e de nous. Amen

 

Yvena Garrraud Thomas, pasteure

12 juillet 2020

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