Si Noé a été confiné pendant des mois dans une modeste arche, en cohabitation avec toutes sortes d’animaux, les uns plus sympas que d’autres, l’image de la colombe représente beaucoup plus qu’un symbole de paix. À commencer par la liberté.
Cette liberté, nous l’avons expérimentée lorsque l’on nous a annoncé la réouverture des magasins. C’est tout d’abord craintivement que nous avons franchi le seuil de certains commerces ; le confinement nous avait fait perdre nos habitudes et les consignes d’hygiène et de distanciation sociale imposaient des habitudes toutes nouvelles.
Noé et sa famille ont dû eux aussi réapprendre à vivre dans un monde totalement nouveau. Leurs amis de l’époque n’étaient plus. Ils se retrouvaient seuls au monde, à devoir se débrouiller. De plus, ils avaient un nouveau défi : ne pas décevoir Celui qui avait cru en eux, qui les avait sauvés du déluge et qui avait révélé l’arc-en-ciel comme symbole d’unité, d’alliance entre Lui et les hommes.
Cette alliance, Dieu, je crois, y est fidèle. Toujours, il est là pour les humains, tendant la main, espérant que nous allons la Lui tendre à notre tour, dans le but de puiser en Lui la paix afin qu’une harmonie relationnelle se développe avec ceux et celles qui nous entourent.
La paix règne-t-elle en ce monde ? Certes nous en sommes loin ! L’harmonie dans nos relations est bien souvent faite de moments éphémères bienfaisants. Mais la paix durable existe-t-elle ?
J’entends souvent des gens me dire :
- Si Dieu existait, il n’y aurait pas autant de mal sur cette terre ! »
Et comme je suis curieuse, j’aime bien répondre, de manière un peu provocatrice :
- Et qu’est-ce que vous aimeriez que Dieu fasse ? Qu’il détruise le monde ?
Vous me croirez ou non, mais la réponse que j’entends le plus souvent est :
- Oui !
En le disant, les gens réalisent parfois ce qu’ils sont en train de dire et sont gênés.
Le récit du déluge n’est-il pas la preuve qu’il ne servirait à rien de détruire à nouveau le monde pour prétendre le rendre meilleur ? Jalousies, rivalités, rancunes ont tôt fait d’envenimer la vie sur terre. Pas étonnant qu’à la fin du déluge, Dieu s’engage à ne plus jamais détruire la terre : « Je ne maudirai plus le sol à cause des humains. C’est vrai, leur cœur désire faire le mal dès leur jeunesse. Mais je ne détruirai plus tout ce qui est vivant, comme je viens de le faire. » (Genèse 8,21)
On a l’impression que Dieu est déçu de l’humain qu’il a créé. Il le pensait libre de faire le bien et celui-ci s’avère plus souvent libre de faire le mal. Il pensait que l’homme et la femme rechercheraient un dialogue constant avec Celui qui leur a donné la vie, qu’ils se laisseraient inspirer par Lui, par Sa paix, Sa bienveillance, mais tant de gens lui tournent le dos, adorent des idoles au lieu de se centrer sur Dieu et sur Dieu seul !
Certes, il n’est pas facile d’écouter un Dieu qui chuchote à nos cœurs abasourdis par les bruits du monde. Il n’est pas simple de Le voir dans notre prochain avec qui on est si souvent en désaccord. Il semble plus facile de prier les anges ou nos défunts bien-aimés. Pourtant, les anges ne devraient pas être adorés ; ils ne sont que des messagers de Dieu et ne sont pas là pour intercéder pour nous auprès du Père. C’est Jésus qui devrait occuper cette fonction pour nous. Pareil pour nos défunts. Leur rôle n’est pas de nous aider à vivre ; ils ont d’autres choses à vivre dans le Royaume de Dieu et c’est un acte d’amour que de les laisser partir.
Le Créateur avait sans doute le secret espoir que la nouvelle génération qui sortirait de l’arche aurait un sens des priorités où Dieu serait au premier plan, et que la paix régnerait entre eux. Il suffit toutefois de voir ce qu’il s’est passé avec les fils de Noé pour réaliser que cet équilibre est fragile.
Lorsque j’entends que certaines personnes aimeraient que Dieu détruise la terre, je suis horrifiée. Aimeraient-ils que Dieu soit dur, violent, méchant ? Ce n’est vraiment pas la perception que j’ai de Lui. Sinon, comment le fait de s’inspirer de Lui nous amènerait à être porteurs de paix en ce monde ? Jésus est l’antithèse de la violence et observer comment Il s’est comporté envers ceux et celles qu’Il a côtoyés me semble très inspirant. Être bon, mais sans se laisser marcher dessus ! Quoique… à la Croix, Jésus a tout accepté !
Puissions-nous percevoir Sa douceur, Sa bienveillance, Sa bonté, Sa patience… et nous en imprégner dans nos relations interpersonnelles. Car si nous pouvions faire venir un petit bout du Royaume de Dieu autour de nous, celui-ci aurait des chances de se répandre auprès de ceux et celles qui souffrent. N’attendons pas que les autres commencent à le faire. À nous d’être pionniers !
Nicole Rochat, pasteure.
Image par michel kwan de Pixabay