Par Sonja Vaucher de la Croix
Quelques semaines ont passé depuis ce temps de Pâques. J’en garde encore la saveur. Je me demandais souvent comment j’allais le vivre sans marche de l’Aube et sans chanter « A toi la Gloire » en communion avec ma « famille » BARC.
Dimanche des Rameaux
Bénédicte me prend par la main en m’écrivant « Viens avec moi à Jérusalem » (https://www.eren.ch/barc/2020/04/05/vivre-les-rameaux-depuis-la-maison/)
Aussi, le soir, je m’installe confortablement et le culte commence par ces mots:
« Je vous invite à entrer dans cette fête. Mêlons nous à la foule et écoutons.. »
et me voilà emportée par une musique rythmée, gaie et mélodieuse (le psaume 104 chanté en hébreu).
Puis, la prédication de Bénédicte qui résonne d’une telle actualité, je la cite « Jésus entre en crise, c’est-à-dire, en lutte intérieure « maintenant mon âme est troublée » …mais il ne se dérobe pas , quel que soit le prix à payer. » Elle dit encore « le Christ ne nous est pas donné comme modèle, mais comme compagnon ».
Puis notre pasteure clôt la célébration en disant :
« avant de quitter la grande ville et ses festivités, profitons encore un instant des sons et rythmes de ce pays, et écoutons le Trio Joubran, trois frères Palestiniens nés à Nazareth ».
Ainsi, je me laisse porter par cette musique aux sonorités si semblables, au même instrument (l’oud), aux mêmes rythmes que l’ensemble hébreu. Bénédicte, le temps d’une célébration, a réconcilié ces deux peuples, tellement frères. J’en suis touchée aux larmes.
Vendredi saint
Que je n’ai pas vraiment pour habitude de célébrer, même si je sais que, comme dans nos vies, l’on ne peut pas faire l’impasse de Vendredi saint pour vivre Pâques.
Cette fois, c’est radio Diane qui m’appelle. Avec sa collègue et amie Laure Devaux Allisson, elles ont préparé une célébration au rythme de la Passion selon St-Matthieu de J.S. Bach. (https://dianefriedli.ch./passion-de-vendredi-saint/)
L’œuvre est tellement forte, c’est la première fois que je l’écoute aussi attentivement. Elle est traversée et amplifiée par la prédication, les prières, les lectures de l’évangile de Matthieu, et la traduction de certains passages de l’œuvre, comme ces deux lignes qui introduisent à la dernière prière:
« nous nous asseyons en pleurant, et dans ta tombe, nous te disons :
Repose doucement ! Doucement repose ! »
Prière
Dans la nuit de ce monde,
Perçois la lumière de son amour,
Dans le silence de cette nuit,
Entends le murmure de sa grâce.
Repose doucement
Doucement repose.
Il te donne sa paix.
Amen
Je reste longtemps en silence.
Pâques
Je me réveille, le temps est superbe. J’ai un petit pincement au coeur, il n’y aura pas d’Aube cette année, pas de culte et je n’ai pas envie de regarder le culte à la télévision. Je vais partir marcher en forêt. La nature est insolente de beauté, non pas insolente, généreuse comme pour nous consoler de ce temps particulier. J’y viens presque chaque jour, j’observe chaque élan, chaque pousse, chaque nouvelle fleur, le mai qui monte dans la montagne de Boudry. Pour éviter les premiers marcheurs, je choisis un chemin de traverse, je passe quelques ronces, grimpe un petit pierrier pour m’asseoir au bord d’une falaise.
Au loin, sonne l’appel au culte, je fais silence et me mets en lien. Dans ce temps suspendu, je me lève pour chanter « A toi la gloire » . Je crois que les oiseaux ont eu un peu peur, moi je ne suis pas trop jugeante. C’est Pâques, je peux rentrer joyeuse, sereine et confiante.
Le soir en « replay », je décide de suivre le culte en Eurovision au Temple de St-François à Lausanne. C’est un culte classique, aux très beaux intermèdes musicaux, avec une pasteure lumineuse, à la voix radiophonique et avec une prédication aux accents voulus modernes. Des enfants et des catéchumènes participent. J’ai même rechanté « A toi la gloire ». Tout ce qu’il faut pour un culte parfait !
Que me manque-t-il donc ? Je crois que pour moi, un culte, ce sont cette énergie, ce souffle, cette communion que je ne ressens pas à la télévision.
Les expériences vibrantes et fortes de ce temps de Pâques, je les ai vécues dans la nuit, chez moi avec mon petit téléphone en main, emportée à Jérusalem aux Rameaux et à Vendredi saint traversée par de la Passion de St Matthieu. Deux formes nouvelles, hors des schémas classiques qui j’espère auront touché celles/ceux qui rechignent à venir à l’Église et qui sont en recherche de spiritualité.
Quant à moi, j’ai hâte de nous retrouver au culte et me réjouis de l’Aube de Pâques prochaine. Ce sera une belle surprise !