L’EREN appelle la population neuchâteloise à s’engager activement pour la paix et la justice

Interpellée par plusieurs de ses membres, l’Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) souhaite, en ce début d’année 2025, oser une parole face aux conflits qui secouent notre monde, en particulier le conflit israélo-palestinien.

Le Conseil synodal, auteur de ces lignes, n’a aucune prétention à détenir une connaissance suffisante pour juger ou condamner les actions des dirigeants nationaux ou internationaux. La complexité et l’enchevêtrement des enjeux dépassent de loin notre compréhension. Nous souhaitons néanmoins témoigner avec force que l’EREN est et restera toujours une défenseure de la paix, du dialogue et de la justice.

Nous lançons un appel, non seulement au monde politique, mais à chaque habitante et habitant de notre canton: engageons-nous, même par des actions simples, à favoriser la paix et à lutter activement contre la guerre.

Un sentiment d’impuissance habite beaucoup d’entre nous face à l’ampleur de la situation. Que faire pour que les choses changent, alors que les États semblent pris dans un jeu d’intérêts qui entrave même les accords de justice des plus hautes instances internationales?

L’Église réformée croit que tous les êtres humains sont frères et sœurs, au-delà de leurs différences ethniques, religieuses ou de genre. Elle s’appuie sur cet appel universel et exigeant: «Tu aimeras ton prochain, lui qui est comme toi!» (Lévitique 19,18).

Aujourd’hui, nous avons besoin d’un courage collectif: celui de résister à l’indifférence, de préserver notre esprit de compassion et d’oser des micro-actions, même face à l’inertie générale. Si empêcher la guerre et l’injustice semble hors de portée, porter la paix et l’espérance, même au cœur des conflits, reste possible. Chacun et chacune d’entre nous peut y contribuer en rendant nos efforts collectifs.

Nous adressons un appel à nos autorités politiques: lorsque des intérêts politiques ou économiques prennent le pas sur les questions de dignité humaine et d’urgence humanitaire, les idéaux de notre pays et de sa population sont profondément blessés. Certaines décisions, prises au nom de la sécurité et du bien-être de notre nation, peuvent sembler légitimes. Mais l’EREN invite, avec humilité, à ne pas toujours privilégier la sécurité au détriment du courage face à l’injustice.

La Suisse, reconnue pour sa neutralité, est admirée lorsqu’elle sert la paix et la justice internationale de manière impartiale. Mais cette même neutralité se transforme en prétexte lorsqu’elle conduit au silence au lieu de prendre position face à des actes inexcusables. Nous parlons ici de la vie et de la mort d’êtres humains. Cela pourrait être nous!

Nous appelons nos autorités politiques à faire preuve d’empathie. Le peuple de ce pays est profondément touché par ce conflit, dans sa compassion et son humanité. Nous ne prétendons pas critiquer les décisions des instances gouvernementales et continuons de faire confiance à leurs analyses. Nous espérons simplement que la voix de la compassion aura du poids dans leurs décisions.

Cependant, ce message s’adresse avant tout à la population de notre canton: pour l’inciter à agir, même modestement, et à croire que chaque geste compte. Ces actions simples permettent de redonner espoir, d’avoir un impact réel et de lutter contre le sentiment d’impuissance. Ensemble, nous pouvons, même d’ici, porter la paix et l’espérance.

Que pouvons-nous faire concrètement?

  • Continuer de soutenir, avec des dons, les victimes de la guerre.
  • Se rassembler, quelle que soit notre foi ou absence de foi, pour méditer ou prier ensemble en faveur de la paix.
  • Cultiver la compassion envers les victimes, quelles que soient leur origine ou appartenance. La compassion nous protège des dangers de la colère, de la vengeance et de l’indifférence.
  • Refuser que la haine qui déchire les protagonistes du conflit devienne la nôtre.
  • Œuvrer au quotidien pour que les conflits actuels n’entravent pas un dialogue interreligieux et interculturel essentiel pour la paix.
  • Prendre le temps de comprendre les conflits en s’appuyant sur des sources fiables, en se renseignant sur leurs racines historiques et leurs développements actuels, afin d’éviter de relayer des informations erronées.
  • Interpeller les Églises et les autres institutions religieuses en leur envoyant des messages de paix et des appels à la justice. Ces institutions peuvent relayer ces élans auprès des autorités politiques et internationales. Ces actions peuvent être faites par toute personne, individuellement ou collectivement, désireuse d’œuvrer pour la paix. Elles peuvent avoir un impact considérable.

Le Conseil synodal de l’EREN aimerait conclure ce message en formulant ses vœux à l’ensemble des habitantes et habitants de notre pays et à ses autorités politiques. Que la paix habite en vos cœurs durant cette année 2025 et qu’elle rayonne autour de chacune et chacun de vous.

Au nom du Conseil synodal,
Yves Bourquin, président